De l'art de faire un bon enregistrement
ou comment rendre son doublage propre
Introduction
I) La reverb
- Comment, pourquoi
- La diminuer
- Louer un studio pro
II) Le micro
- 1) Le bon appareil
- 2) La saturation
- 3) La pastille
III) Enregistrement
- 1) Lieu identique
- 2) Jouez
- 3) Voix vanilla
a) Rester dans le ton
b) Retake
c) Acteurs originaux
IV) Post-production
- 1) Bruit blanc
- 2) Effet humide
- 3) Les bruits parasites
Bonjour à tous les Confrères et les Consœurs.
Vous avez un mod que vous avez créé, ou traduit. Ce mod est immersif, il a des voix, et vous voudriez bien lui donner une version française. Après avoir suivi et assimilé le tutoriel de Sylom, vous vous lancez la passion au cœur et le cœur au ventre dans l’enregistrement des premières lignes de dialogue.
Mais avez-vous pensé à tout ? Bon nombre de doublages amateurs prouvent que non, car les différents points de ce tuto mettent en lumière tous ces défauts qui ternissent un travail pourtant si bien achalandé. Le troisième va vous éton*PAN*
Nous partons du principe que vous avez lu le tutoriel de Sylom. Nous parlerons alors d’Audacity (version 2.1.0), sur Windows 10.
I)Attention à la réverbération
La réverbération (ou réverb) est LE mal le plus fréquent et désagréable dans le doublage amateur. Si vous ne savez pas de quoi je veux parler, allez dans votre salle de bains, parlez un peu fort et écoutez : ça résonne un peu ? La réverb c’est ça.
1) Mais dis-moi Jamy, comment ça se fait ?
La réverbération est due au contact des ondes sonores avec les surfaces qui nous entourent, comme la lumière sur un miroir. C’est pour cela que dans la nature, il n’y a pas de réverbération (à ne pas confondre avec de l’écho !) Et les surfaces planes, impeccables, réverbèrent parfaitement le son.
N’avez-vous jamais remarqué, lors d’un déménagement, qu’une pièce résonne énormément une fois vide ? Ce n’est pas parce qu’elle est grande : c’est parce qu’elle a six surfaces planes sans obstacle, donc le son se propage extrêmement facilement !
2) C’est vrai. Mais alors, pourquoi quand il y a des meubles c’est moins flagrant ?
Tout simplement parce que ces surfaces sont « cassées » avec les objets volumineux, souvent de matériaux différents. Plus une pièce sera occupée, moins le son pourra se propager.
3) Donc ça veut dire qu’il faut mettre plein d’objets dans une pièce ?
Exactement ! Mais pas n’importe quels objets. Trois babioles n’y changeront rien, il faut des objets volumineux dans des matières un peu « molles ». Une penderie est excellente : les vêtements, même bien rangés, cassent forcément l’espace et absorbent grâce au tissu une partie des ondes sonores.
Bien sûr, n’allez pas installer votre micro dans la penderie si ce n’est pas une pièce unique ! Faites-vous des conditions d’enregistrement décentes, quand même.
Les studios de doublage professionnels ont de la moquette sur le sol, au plafond et au mur, ainsi que de larges rideaux contre ces derniers. Vous pouvez tout à fait entrer dans un studio pour regarder comment c’est agencé (peut-être même comment se passe un doublage, si le directeur artistique est d’humeur et l’œuvre pas trop secrète). Il existe même dans cette pièce un petit endroit plus étroit, appelé « cabane », où la réverbération est encore plus couverte pour faire des scènes en extérieur. Et cette cabane, vous pouvez la faire chez vous !
Les couettes et autres couvertures sont d’excellents moyens pour isoler la propagation du son. Plus elles sont épaisses, mieux c’est. Essayez de vous agencer au moins trois faces devant vous et sur les côtés. Pour faire tenir le tout, vous pouvez soit utiliser des porte-manteaux mobiles, soit faire preuve d’inventivité

Essayez également d’avoir un tapis. Descente de lit, tapis de bain, carpette de chez mamie, peu importe : il empêchera non seulement de propager le son depuis le sol, mais aussi absorber les potentiels bruits de vos pieds !
Pour le reste de la pièce, utilisez des rideaux un peu épais si vous en avez (les rideaux fins ne servent à rien) : le verre reflète énormément le son. Pendez où vous pouvez un maximum de vêtements d’hiver : manteaux, pulls (même les pulls moches !) et fermez la porte. Si vous vous mettez à parler un peu fort, vous devriez avoir l’impression de parler dans le silence.
4) Attends, j’ai un pote qui fait de la musique et il a utilisé de vieilles boîtes d’œufs.
Moui… Disons que ça dépanne, c’est mieux que rien. Sauf que ces boîtes, il en faut beaucoup, donc il faut les stocker quelque part. Il faut les installer partout aussi, ce qui demande du temps (sans parler de les enlever). Ces amis qui font de la musique ont une pièce spécialement prévue à l’enregistrement de leurs morceaux en général, ils les ont donc clouées une fois pour toutes. C’est pas pareil que d’enregistrer une dizaine de lignes dans un mod pendant quelques jours.
Néanmoins, si ces amis sont prêts à prêter cette salle pour vous, jetez-y une voix pour constater si ça ne résonne toujours pas trop par rapport à vos couettes ou votre penderie.
5) Plutôt que de se prendre la tête, on ne pourrait pas plutôt essayer de trouver un petit studio à louer ?
Ah, bien sûr ! Si vous avez beaucoup d’argent. Pour avoir demandé (car l’idée m’avait effleuré l’esprit), il faut débourser en moyenne 100 euros par heure de location. Et une heure en doublage, ça passe trèèèès vite ! Surtout si vous avez besoin de plusieurs voix : donc faire le changement, s’installer, expliquer la situation, refaire des prises à cause des erreurs, trouver une bonne intonation… Par expérience pour un mod, il m’est arrivé de passer 4 heures sur 7 phrases avec quelqu’un pour trouver la bonne intention. On en a bavé, mais on y est arrivé.
Naturellement, louer un studio vous offre tout ce qu’il y a de meilleur : micro impeccable et réglé comme il se doit, table de mixage et l’employé qui va avec et qui vous arrange tout en temps réel, pas de bruits parasites extérieurs… le pied, mais ça coûte. Et 100 euros « en moyenne » je suis très, très optimiste ; des studios peuvent faire payer BEAUCOUP plus cher et peu proposent moins (de pas beaucoup en plus), et le tout quand ils ne sont pas occupés.

Si vous avez malgré tout opté pour cette option, le tuto est terminé ! Plus besoin de lire !
Vous êtes toujours là, hein ? J’en étais sûr.
EDIT : Après plusieurs recherches, il s'est avéré que l'on pouvait trouver des petits studios qui louaient à des tarifs beaucoup plus abordables, à moins de 50€/h. Ce sont généralement des studios inconnus ou presque qui sont là pour les jeunes groupes de musiques cherchant à répéter et/ou enregistrer avec des moyens modestes. S'ils ont l'habitude des musiciens, faire de la simple prise de voix est tout à fait possible et ils ont déjà eu ce genre de demande.
En ce qui me concerne, j'en ai trouvé (mais pas loués pour l'instant) plusieurs aux alentours de la plaine Saint-Denis (93). Si vous êtes en région parisienne, ça peut valoir le coup. Je ne serais pas très surpris qu'il y a des studios similaires aux alentours des grandes villes (Lyon, Bordeaux, Marseille etc.)
II) Manier le micro
Maintenant que vous vous êtes fait votre petit studio, parlons de cet objet qui vous fait face, impassible face à votre haleine de menthe fraîche ou de troll malade : le microphone (dum dum duuuuum). Il y a beaucoup de choses à faire et à dire, avec lui.
1) Un micro de qualité
Y'a pas de secret : si vous voulez un enregistrement de qualité, il vous faudra un micro adapté. Oubliez tout de suite le micro intégré de votre ordinateur ou de votre webcam. Ces trucs-là peuvent être suffisants pour les conversations Discord, ou pour les plus vétérans Skype, ou pour les plus vieux MSN, ou pour les dinosaures de 35 ans et plus Caramail, mais pour enregistrer un truc propre c’est pire que la dernière chose à utiliser. À moins que vous n’ayez un micro ultra-giga HD, mais ça m’étonnerait que ça existe dans le matériel intégré de base dans la machine.
Attention scoop BFM : un bon micro est un investissement. Car il sera moins sensible à la réverbération et au bruit blanc (nous reviendrons sur ce point plus bas). Je peux difficilement vous donner des exemples, car il existe des centaines de micros différents. Tout d’abord, favorisez les micros qui ont une prise USB plutôt qu’une prise Jack, car la capture sera plus précise. Le must serait de prendre un micro qui nécessite une petite table de mixage, mais ça fait des dépenses en plus et certains USB sont suffisants ; pour une cinquantaine d’euros vous devriez trouver des trucs pas trop mal. Essayez d’aller en boutique si vous le pouvez plutôt que sur Internet ou la Fnac pour en parler avec les vendeurs, généralement ils s’y connaissent et sont de bon conseil, sans vous pousser à acheter le plus cher. De plus, vous avez droit de l’essayer chez vous et de vous faire rembourser pendant une semaine. Pour information, j'utilise actuellement le microphone Audio Technica 2020 USB+, dont on peut entendre le résultat dans ma vidéo sur Voyage vers l'Archipel Onirique. Avant, j'utilisais un Samson Go Mic dont on peut entendre le rendu dans mon doublage pour un mod Star Wars : Lady Jedi (3615 MAVIE). C'est juste pas la même tranche de prix.
Privilégiez également des micros qui ont une entrée unilatérale, c’est-à-dire dont le capteur sonore n’est orienté que d’un seul côté ; l’idéal pour la prise voix. Généralement, ces micros ont un petit symbole qui ressemble à des fesses (oui désolé, y’a pas d’autre illustration claire).
Une fois que vous avez votre micro, vous le branchez sur votre ordinateur, installez les pilotes si besoin, et vous ouvrez Audacity pour voir s’il est reconnu. Pour vérifier si le micro est bien reconnu, vous regardez dans l'onglet "Edition > Préférences (ou Ctrl+P directement) > Périphériques > section Enregistrement"? Vous aurez une fenêtre déroulante dans laquelle seront listés tous vos micros installés et reconnus, vous n'avez plus qu'à cliquer sur le nom du vôtre tout neuf. S'il n'apparaît pas, allez dans vos Paramètres > Son > Périphériques d’enregistrement, puis cliquez sur l’icône grisée de votre micro avant de faire « Activer » et relancez Audacity.
NOTE : Pensez à ouvrir Audacity APRÈS avoir branché le micro, sinon le logiciel ne le verra pas.
NOTE 2 : Il est également possible qu’une fois le micro branché, vous n’entendiez plus rien dans l’ordinateur (musiques, bruits d’erreur, jeux…) sauf tout ce qui vient d’Audacity (retour son etc.) C’est normal, ça dépend des micros. Une fois retiré, vous entendrez de nouveau tout ce qui provient de votre ordinateur.
Je conseille d’enregistrer debout si possible, car cela offre un peu plus de liberté de mouvement et de respiration. Toutefois, cela peut marcher sur une table ; assurez-vous qu’elle rentre dans votre petite cabane de couettes !
Ah ! Tu es prêt ! Ton micro est branché, capté, tu as fait des tests, pourquoi ne pas se lancer ? Mais c’est parce que t’as pas déballé tous tes cadeaux, encore !
2) La saturation
Installer un micro HD c’est bien, mais si c’est pour saturer dès qu’on parle autant en prendre un mauvais. Quand on sature, les fichiers ont tendance à grésiller dans le rendu. Pour éviter ce genre d’incident, il y a une petite règle dans la barre de mixage d’Audacity, avec un petit micro. Baissez le curseur tout en faisant vos tests pour voir à peu près à quel endroit la sensibilité est la meilleure.
N’oubliez pas que vous devez prendre une sensibilité polyvalente. En effet, les personnages ne parlent pas tout le temps de la même façon : ils peuvent être en colère, ou à crier au combat, peut-être même se faire tuer ! La saturation concerne surtout ces cas où la voix est projetée. Vous pouvez diminuer davantage la sensibilité, quitte à amplifier en post-production derrière, mais la manière la plus simple est de s’écarter un peu (pas trop !) du micro. De même, si vous devez chuchoter, rapprochez-vous du micro (encore une fois, pas trop car vous donneriez un sentiment d’oppression ou pire, d’ASMR) ou augmentez la sensibilité.
On avance, mais ce n’est pas encore tout à fait terminé.
3) La pastille
Kécéksa ? La « pastille », ou plus vulgairement « filtre anti-pop », est un objet qui permet d’absorber une grosse partie des sons soufflants ou percutants. Les phonèmes P, B, F et V s’entendent dans un micro « à nu ». Pour vous donner une idée, prenez votre dernière vidéo de vacances en Bretagne, un jour de vent. Ça fera un « FRRPPRRRRPRPR » inaudible. Eh bien c’est la version (un peu) extrême de ce genre de problème, encore une fois très fréquente dans les doublages amateurs. Et une fois qu’on sait les entendre, on n’en loupe plus aucun…
Pour éviter ces désagréments, donc, il vous faut une pastille. Vous pouvez bien évidemment en acheter une sur Internet ou en boutique, elles peuvent coûter aux alentours de 15€-30€. Mais avons-nous besoin de débourser cent francs pour un doublage de mod ? À vous de voir ce que vous voulez faire de vos septims.
Il reste la méthode du bled qui reste plutôt efficace, même si naturellement ça ne vaut pas le matériel pro ou semi-pro. C’est parti pour un dis-aïe-ouailles !
Pour faire une pastille, c’est tout simple et pour à peine 5€. Il vous faut un tambour de broderie (en bois, en plastique ou en os de dragon si ça vous chante, peu importe), des collants neufs ou usés, et des ciseaux. Je crois qu’il n’y a pas besoin de vous faire un dessin : vous découpez les collants sur la longueur pour faire un seul morceau large, vous les tendez bien dans le tambour (mettez la paire, un seul ne suffira pas) et vous resserrez à fond le tambour. Les collants ne doivent pas être un peu mous dedans. Le reste qui déborde, vous coupez. Vous avez votre pastille !
L’inconvénient, c’est que vous devrez sans doute le tenir à la main, à moins que vous ne soyez plus malin que moi pour lui faire un pied. Ce qui est fort probable.
Lâchez les fauves, c’est le moment d’enregistrer.

III) Enregistrement
Ah ! Vous y voilà enfin ! Tout a été préparé, tout fonctionne, c’est l’heure d’enregistrer. Mais vous pensiez que je vous laisserais vous en tirer comme ça ? Même ici, il reste des choses sur lesquelles on doit faire attention. Avant toute chose, je vous conseille une fois l’enregistrement lancé de NE PAS PARLER tout de suite, et de ne faire aucun bruit pendant 6 ou 7 secondes. Cela permettra de s’occuper du bruit blanc (on y revient plus bas) après.
1) Tout le monde au même endroit
C’est encore une fois un problème très récurrent dans les mods. Imaginez que vous avez tout bien préparé, vous avez mis du temps à installer votre cabane en couettes, à créer votre pastille, à faire vos tests. Ça vous a pris de temps, de l’énergie, fais le résultat rend super bien. Vous êtes fier. Si tout le monde fait un truc comme ça, vous allez tout déménager…
Puis votre pote qui n’a pas lu ce tuto vous envoie ses fichiers où ça résonne, où ça pope, avec des bruits parasites partout… Bref, vous avez fait les efforts et pas lui. Généralement, on peut avoir une réaction parfaitement justifiée.

Tu bousilles la qualité du mod, salaud ! – Vous, dans un léger vent de contrariété.
Bon, avant de repeindre les murs de chez lui, envoyez-lui un petit lien pour qu’il puisse lire le tuto. Une cervelle explosée n’a pas un très bon rendu niveau vocal.
Je dis souvent que quitte à ce qu’il reste une petite réverb, autant qu’elle soit identique pour tout le monde afin de s’y habituer un peu. Quand chacun enregistre de son côté, c’est chacun avec une pièce différente, un micro différent et de l’équipement différent. Tous ces détails qui donnent des rendus n’ayant rien à voir les uns avec les autres. Le résultat n’est pas homogène et parfois, ça suffit à imaginer chaque personne dans sa chambre.
Pour éviter ce problème, il vaut mieux donc essayer d’enregistrer tous au même endroit. Ce qui peut s’avérer problématique quand on n’habite pas dans le même coin du pays (si ce n’est le même pays). Vous me direz que c’est facile à dire pour un parisien qui a tout le monde à moins de 30km avec des transports tous les quarts d’heure maximum et vous aurez raison. Mais je vous assure que ça change vraiment l’immersion, et s’il y a la possibilité de le faire, faites-le. Ça demande du temps, de l’organisation, mais le résultat est mieux. Et puis ça fait une bonne occasion de voir ses potes ou de s’en faire

2) Jouez !
Je ne vous donnerai pas de cours de théâtre car il ne faut pas un tuto pour ça mais trois ans d’école. Vous n’êtes cependant pas sans savoir que les voix dans les jeux vidéo, les films, les séries et même les documentaires sont celles d’acteurs de profession. La formation à l’art dramatique est un prérequis indispensable pour du doublage, cela ne consiste pas seulement à réciter un texte devant un micro et « sur un malentendu ça peut passer ».
Si vous voulez doubler un personnage, vous devrez vous lâcher. Ne rien retenir. Parler, et parler fort ! Tant pis pour les voisins, au pire vous laissez un mot dans l’ascenseur. Si vous devez crier, criez ! C’est agaçant quand il s’agit de passages parlés, mais quand un perso « crie » avec mollesse, c’est insupportable. Il faut vraiment vous amuser, et c’est comme ça que vous amuserez les joueurs.
Tout le monde n’est pas acteur et j’en suis conscient. Mais quand vous êtes supposé faire par exemple un méchant, fut-il un peu nul ou bizuté par ses supérieurs, s’il parle avec une voix timide à ses subordonnés il est complètement ridicule. Ceci est une histoire vraie, dans une VO de mod.
Pensez aussi à AR-TI-CU-LER. Mâcher les mots est non seulement très désagréable, fait perdre de l’énergie, donne une impression de timidité et surtout ne convient pas à des personnages ! Ils doivent être compris clairement. Les élisions (J’pense, j’crois qu’c’est, c’que tu veux…) ne conviennent pas à des individus surtout haut placés : jarls, thanes, huscarls, mages et personnes un minimum éduquées ne parlent pas comme ça. Apparemment ça ne pose pas de problème aux Québécois, mais en France, si

Dans tous les cas, pensez à articuler. Échauffez votre voix et votre mâchoire avant l’enregistrement, car ça fait une énorme différence. Même en ayant un phrasé grossier pour un bandit ou un compagnon un peu bourru, l’articulation est indispensable.
Comme Sylom qui vous conseillait de prendre des gens qui peuvent convenir, faites en sorte que lesdites personnes conviennent en s’investissant. On ne vous demande pas, en tant qu’amateurs, d’avoir un niveau de sociétaire à la Comédie Française. Mais un texte lu, récité, sans aucune intention est très difficile à supporter, même pour des non-initiés. Surtout si des étrangers eux-mêmes l’entendent ! Une langue étrangère paraît toujours mieux jouée quand on ne la connaît pas, donc si on peut même dire que c’est mal joué sans comprendre, vous imaginez… Le doublage, ce n’est pas lire un texte devant un micro.
Pour vous aider, écoutez les dialogues du jeu vanilla (directement dedans ou par Lazy Voice Finder. Pas les voix des mods, sauf s’ils sont doublés par des pros !) Écoutez où sont les accentuations, comment ils débutent et terminent leurs phrases. Essayez de recopier, faites-vous plusieurs propositions… N’hésitez pas à demander l’avis de quelqu’un sur quelle version choisir : nous sommes les pires juges de nous-mêmes. Je conviens qu’il est très difficile de s’écouter, mais vous n’aurez pas le choix

Je n’ai pas grand-chose d’autre à vous dire là-dessus. N’ayez pas peur de vous dévoiler, ne vous préoccupez pas des autres et ne vous laissez certainement pas impressionner par le micro. C’est un très bon travail pour améliorer sa confiance en soi !
3) Les personnages vanilla
En voilà un problème qu’il est épineux ! Admettons que vous avez un mod dans lequel certains personnages vanilla ont eu du texte ajouté (comme par exemple Détruire la Guilde des Voleurs ou Le Dilemme de Paarthurnax) et qu’il ne s’agit pas d’extraits découpés/recollés de leurs répliques initiales. Vous pouvez toujours laisser du blanc pour que les sous-titres se chargent du reste, mais… c’est gênant, non ? Vous disposez alors de deux solutions :
a) Vous rapprocher le plus fidèlement possible
D’aucuns diront que c’est la solution la plus simple et à raison. Laissez-moi toutefois vous énoncer les limites que cela comprend au niveau de l’immersion.
Votre interprète pour les persos X ou Y a beau avoir la voix qui se rapproche beaucoup de l’originale, personne n’a le même timbre à moins de faire de l’imitation. Or le problème, c’est que la supercherie est décelée dès que la parole est adressée au personnage, car il dit un « Bonjour ». Entendre une voix A suivie deux secondes d’une voix B peut choquer les plus sensibles d’entre nous. Et je ne parle pas des joueurs de la première heure qui connaissent le timbre de tout le monde par cœur et qui entendraient le moindre changement vocal.
Vous pouvez toujours opter pour cette solution, car après tout c’est mieux que rien, à juste titre. On pourra même souligner l’effort de rester le plus proche possible de ce que l’on connaît, avec plus ou moins de brio, cela dépend de vous.
Néanmoins, cette technique reste faisable pour certains personnages, notamment les Daedras. Ces derniers apparaissent souvent contre le gré du joueur, comme par exemple Molag Bal qui dit quelques phrases dans certains mods. C’est la seule exception pour les persos vanilla.
Sinon il y a une autre option…
b) Refaire toutes les répliques
Ce serait prendre la solution drastique et qui demande le plus de travail, le plus d’assurance et de talent d’acting, mais au moins il n’y aura plus de différence entre les fichiers moddés et vanilla.
Néanmoins cette option a ses limites : elle ne peut fonctionner que pour des personnages uniques, comme Sérana par exemple. Mais pour beaucoup de PNJ, ils sont regroupés dans un seul genre de voix et disent parfois la même chose pour saluer ou dire au revoir de l’un à l’autre. Pour que tout soit homogène, il faudrait donc doubler toute une catégorie (que vous pouvez trouver avec Lazy Voice Finder par exemple), ce qui pourrait facilement doubler (ho ho !) votre charge de travail. À ne faire que pour des persos vanilla uniques sans trop de texte, donc.
c) Les acteurs originaux
Là vous me prendrez pour un fou, en vous demandant comment on pourrait faire, ça serait orgueilleux… Et pourquoi pas ? Des mods ont eu des acteurs professionnels dans leur distribution, alors pourquoi pas dans les vôtres ? Les acteurs ne sont pas des dieux, ce sont des gens normaux (mais ça je ne l’apprends à personne) et rien n’empêche qui que ce soit de leur adresser la parole.
Pour commencer, trouvez qui a fait quoi (cette vidéo avait déjà tourné sur le site mais je la remets ici) et cherchez comment entrer en contact. Ce ne sera pas facile ! Car ce sont certes des gens comme nous, mais leur travail les occupe énormément et ils doivent recevoir pléthore de messages divers et variés, pour des propositions ou pas d’ailleurs. De plus, en tant qu’acteurs, ils disposent d’un agent qui leur permet de faire le tri dans les offres d’emploi (les productions contactent les agents et non les acteurs directement) : celui qui vaut le coup, au contraire celui qui est un mauvais plan pour la carrière, le mieux payé et/ou plus pratique, etc. Donc essayer de leur écrire un mail frôle le 0% de chances d’aboutir à une réponse. Ce ne serait rien d’autre qu’une perte de temps.
Comment on fait, alors ? Vous pouvez utiliser les contacts : « je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui… » et si vous avez la patience, remontez petit à petit jusqu’à la personne.
Le plus « simple » est de leur parler directement, dans des conventions par exemple s’ils sont invités ou même à la sortie de studios de doublage. Si l’acteur accepte de vous voir un peu, vous pouvez lui parler de ce projet. Montrez que vous avez la hargne, la passion ! (et que vous ne vous vous servez pas de son nom pour faire bankable aussi) Expliquez-lui l’histoire, avec le texte au propre, bien présenté et (si possible) relié, histoire qu’il jette un coup d’œil à un truc qui a de la gueule.
Plus vous aurez d’infos et une belle présentation, plus il y sera sensible car vous montrerez que vous savez où vous allez et ce que vous voulez, ça fait sérieux. Même s’il s’en doutera peut-être, précisez que vous ne pouvez pas payer, ou alors pas en cachets (pour faire court, un cachet pour un acteur c’est non seulement le chèque mais aussi un nombre d’heures déclarées pour valider le statut d’intermittent du spectacle). Plus vous serez honnête et passionné, mieux ça vaudra. Si tant est que l’acteur se souvient du rôle et qu’il l’affectionne, vous devriez augmenter un peu vos chances d’avoir son accord.
Dans le pire des cas, il refusera pour diverses raisons, que normalement il vous expliquera vu que vous êtes en face (à moins qu’il s’agisse d’un connard, ce qui hélas peut arriver). Ça m’étonnerait qu’il vous en veuille ou qu’il prétende avoir perdu du temps, ou ce serait de la mauvaise foi vu qu’il a accepté de vous accorder un instant.
Sinon il peut vous dire que ça le branche et vous donnera un moyen de le contacter plus facilement. Dans ce cas, n’oubliez pas que ce sont souvent des gens TRÈS occupés, donc c’est à VOUS d’adapter votre emploi du temps. Avec un peu de chance (et c’est fort probable), l’acteur aura déjà chez lui un petit studio perso ; inutile de le faire venir chez vous, ça lui fera du temps épargné et de la qualité sonore supérieure pour vous. Tout le monde est gagnant. Pour l’aider (car il n’a sûrement pas joué au mod, lui), vous pouvez ajouter du texte sur le sien pour préciser la situation : distance avec l’interlocuteur, sous-entendus, lieux où son personnage se trouve, précision sur l’humeur… Même si les acteurs de doublage ont l’intelligence du texte (c’est-à-dire savent sortir les bonnes émotions dès la première lecture), ils ont toujours le risque de faire quelque chose de juste mais en inadéquation avec la situation. Donc le maximum d’informations leur sera très utile.
À la fin, ne soyez pas ingrats et offrez-lui éventuellement un petit quelque chose, comme une bouteille. Et aussi les fichiers vocaux, surtout s’il vous les demande ! Des extraits vidéos aussi (un peu propres si possible, sans 36 éléments de HUD).
Bon ce que je vous dis là, c’est dans une vision idéale des choses. N’oubliez pas qu’ils n’ont que peu de temps pour les projets professionnels, ils vont difficilement en avoir pour les amateurs, pas forcément par snobisme. Disons que ça ne coûte rien d’essayer de les contacter : au pire c’est un non, mais vous aurez essayé.
EDIT : Par expérience, c'est peu de dire que ça sera compliqué. Si je n'ai pas eu affaire à des acteurs originaux, j'ai eu des professionnels (actifs depuis des dizaines d'années, entendons). Principalement Thierry Wermuth pour le mod Guivrecroc. A cause de nos emplois du temps (et des vacances), nous n'avons pu nous voir que plusieurs mois après le premier contact. Donc prévoyez toujours très large au cas où.
IV) Post-production
Nous voici maintenant arrivés à la dernière partie du tuto, qui est très importante. Ici, je ne vous enseignerai pas comment faire tel effet de voix (fantôme, dragon ou je-ne-sais-quoi), mais à « nettoyer » vos pistes avant de les exporter.
Si vous voulez apprendre à faire des effets vocaux, testez des trucs sur Audacity en touchant un peu à tout ou bien cherchez des vidéos explicatives sur YouTube, elles pullulent.
1) Le bruit blanc
Voilà, on y vient ! Le bruit blanc, qu’on peut aussi appeler « souffle », est un bruit assez particulier. C’est simple : le bruit blanc, c’est le bruit quand la télé fait de la neige ou qu’il n’y a aucune station radio disponible.

Ça vous parlera peut-être plus…
Le bruit blanc provient de la carte son du micro ; il est donc plus ou moins important selon sa qualité (les micros de studios, à environ 1500€ pièce, n’en ont aucun). Il est préférable de le retirer. Pour cela, vous sélectionnez les quelques secondes de silence que j’avais conseillées tout à l’heure. Vous allez ensuite dans l’onglet Effets > Noise Reduction (ou Réduction du bruit, le nom peut être traduit ou non). Vous cliquez ensuite sur le bouton « Prendre le profil du bruit ». La fenêtre se fermera automatiquement, vous sélectionnerez ensuite toutes vos pistes (Ctrl+A) puis referez Effets > Noise Reduction, et cliquerez sur OK ; l’opération peut prendre du temps. Si vous avez un micro de bonne qualité et que vous avez réglé la sensibilité pas trop haute, et que vous avez parlé assez fort, il ne devrait pas y avoir de problème. Sinon, il y a un risque que le résultat finisse en « effet mouillé ».
2) L’effet mouillé

Parlez de ce fameux « effet mouillé » à n’importe qui travaillant sur du son, il saura exactement de quoi il s’agit. Dans les micros très mauvais ou quand le bruit blanc a été retiré un peu trop grossièrement, les ondes sont déformées et cela donne un effet difficilement descriptible avec des mots, mais c’est comme si les sons étaient enveloppés d’une fine couche d’eau, ou dans une petite flaque. Et c’est très moche à ouïr, surtout avec les bruits parasites.
Si vous avez cet effet dès le début, on ne peut rien faire. Il s’agit d’un problème dans l’entrée son de votre micro, ou alors qu’il est de très mauvaise qualité (les fameux micros de webcams). Sinon, c’est que vous avez trop retiré de bruit blanc, auquel cas vous faites Ctrl+Z (ou équivalents) et revenez dans la fenêtre de réduction du bruit. Alors, vous pourrez toucher aux boutons qu’il y a au-dessus de « OK » jusqu’à ce que vous atteigniez ce que vous souhaitez. Mais en principe, si vous avez bien fait attention aux phases d’avant, vous ne devriez pas avoir de problème à ce niveau-là. Faites des tests préalables avant de vous lancer.
3) Les bruits parasites
Encore une true story : en plus d’un bruit blanc monstrueux, ce méchant qui parlait tout timidement clôturait ses fichiers audio par… le clic de sa souris. Immersion totalement perdue.
Les bruits parasites sont parfaits pour déglinguer méchamment la plaisance de l’écoute, surtout quand il s’agit de bruits ne dépendant pas des personnes. J’entends par-là tout ce qui est technologique : le ventilateur de l’ordi, les clics de souris, les pops de micro… J’ai aussi entendu, dans un mod pourtant bien fichu, tous les fichiers vocaux ou presque d’un perso commencer et terminer par les pop de l’allumage et de l’arrêt du micro.
Pour éviter ces situations gênantes, il est plus prudent d’aplatir les ondes. Et par « aplatir », c’est au sens littéral : les rendre totalement silencieuses.
On se calme, je n’ai jamais parlé de tout l’audio. On sélectionne le début, puis on clique dans Audacity sur le petit bouton avec une onde aplatie ou alors celui avec une paire de ciseaux. Ainsi, on peut s’assurer que rien ne pourrait nous échapper.
En autres bruits parasites, il y a les bruits de bouche. Ces petits « clics » de salive ou les « T… » qui peuvent être faits juste avant de parler (et que les journalistes affectionnent particulièrement). De la même manière, il faut les aplatir, quitte à sacrifier une respiration.
Parlons-en justement. Quand elle est vécue, une respiration apporte de la dynamique à un dialogue. Néanmoins, n’arrêtez pas la réplique en plein milieu, car il faut quand même une microseconde entre deux phrases pour s’enchaîner. Coupez avant ou après l’inspiration/expiration.
Alors, une fois toutes ces démarches faites, il ne vous reste plus qu’à exporter vos fichiers vocaux. Mon tuto s’arrête ici, je vous laisse entre les mains de Sylom ! Merci d'avoir lu ces conseils, en espérant ne pas vous avoir trop refroidis. Bah oui, c'est pas aussi évident qu'on le pense, de faire des voix
