malhuin a écrit :En fait, l'homme a besoin de parties inutilisées parce qu'elles servent de réserves. Elles peuvent être mises à contribution par le cerveau en cas de dommages reçus
Euh les parties inutilisées peuvent servir à compenser certaines manques des autres fonctions, mais je ne crois pas qu'elles aient été là pour ça à la base... c'est juste la preuve de notre formidable faculté d'adaptation.
On ne "perd" pas de neurones, c'est juste que notre capacité à remplacer les milliers qui disparaissent à chaque seconde s'amoindrit au fil des âges.
En neurosciences, comme en psychopathologie et sans doute d'autres disciplines, le savoir scientifique s'est essentiellement basé sur l'étude des dysfonctionnements. Comment mieux définir le normal qu'en étudiant ce qu'on juge anormal ?
Chacun des cas uniques comme celui que tu as proposé Malhuin ont permis aux chercheurs de trouver, en somme par défaut, l'utilité des aires cérébrales. C'est un raisonnement déductif, et c'est pour ça que nous sommes loin de tout connaître du cerveau puisqu'on ne peut pas faire de raisonnement inductif, c'est-à-dire partir d'une aire cérébrale pour en trouver toutes les fonctions. Il faut attendre les hasards de la vie pour apprendre au fur et à mesure des problèmes rencontrés.
Toutes les aires cérébrales sont connectées entre elles, et une lésion dans une aire utilisée principalement pour le langage par exemple peut avoir des répercussions sur des fonctions apparemment sans aucun rapport direct.
C'est un sujet aussi vaste que passionnant.
Note intéressante : la véritable définition d'un "génie" est quelqu'un qui a subi des séquelles ou des malformations cérébrales qui permettent de façon anormale aux différentes aires cérébrales d'interagir entre elles. L'exemple classique est celui des gens qui mobilisent plusieurs sens, comme l'odorat, le goût, ou même les couleurs, pour établir des calculs mathématiques sans même réfléchir, ou d'autres opérations intellectuelles ou artistiques complexes qui semblent si "hors du commun".
Einstein avait un hémisphère droit hypertrophié (l'hémisphère droit contrôle la partie gauche du corps, et est notamment spécialisé dans la reconnaissance spatiale et dans la capacité de représentation). A sa mort, des scientifiques un peu pressés ont pensé bon de conserver son cerveau et de le découper en cubes pour l'étudier. Sauf que ce n'est qu'après avoir fait cela qu'ils ont compris qu'ils l'avaient tout simplement bousillé et que cette erreur rendait impossible toute étude ultérieure de son cerveau. Aujourd'hui il doit être à la poubelle ou croupir dans un laboratoire/musée quelconque (et oui c'est un peu la honte d'avoir gâché le cerveau d'Einstein

)
Si certains s'intéressent à des "cas uniques" je recommande un bouquin très facile à lire, tiré des consultations du neurologue Oliver SACKS et co-écrit avec un romancier, qui s'intitule "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" (oui oui c'est un vrai cas et ce n'est pas du tout de la psychopathologie mais bien des neurosciences, donc impliquant le triste aspect de l'irréversibilité des troubles).