Kingdom
Histoire
Vers -240, Chine
Dans le royaume de Qin vivent deux orphelins de guerre, esclaves du paysans riche de leur village. Le premier s'appelle Shin et est un fier à bras, direct et assez naïf. Le second s'appelle Hyo plein d'humour, sympathique, intelligent, il est aussi calme et réfléchis. Depuis la petite enfance ces deux là s'entraînent ensemble à l'épée et sont très bons.
Un jour, alors qu'ils s’entraînent, viens à passer Shobunkun, un ministre du roi Ei Sei Zhao Ying, roi de Qin. Foudroyé il reconnait en Hyo le sosie parfait de son roi et décide de l'acheter pour servir de doublure à ce dernier, menacé par des complots multiples.
Un mois plus tard, Hyo réussit à se traîner jusqu'à la hutte de Shin. Avant de mourir - vidé de son sang- il lui confie la "mission la plus importante qui soit". Une carte le conduit jusqu'à une masure et dans cette masure le roi de Qin, Ei Sei.... l'homme qui quarante ans plus tard deviendra le premier empereur de Chine sous le nom de Shi Huangdi est pour l'heure un fugitif traqué par les agents de son jeune frère qui vient de réussir une révolution de palais. C'est le début d'une odyssée.
Mon avis
Un chef d'oeuvre !
Je pèse mes mots. Il s'agit d'un des meilleurs manga à n'avoir jamais été écris. Le sujet est incroyablement ambitieux et sa restitution est splendide. Surtout, faire de Shi Huandgi un "gentil" est un parti pris qui peut paraître scandaleux pour un Occidental. Nous ne connaissons souvent que la légende noire du personnage "créateur" de la Grande Muraille de Chine, exploiteur de son peuple, tyran paranoïaque, ennemi de la littérature. Ce qui est oublier qu'il a mis fin à 500 années de guerre, de complots d’eunuques, de guerres civiles, de révolution de palais. Une époque justement appelée "les Royaumes Combattants" dont les premières victimes furent les paysans, les gens sans défense. Il a a ramené la paix, la prospérité, et l'éducation. Car ce qu'il a combattu c'était une classe de lettrée refermée sur elle-même écrivant dans toutes sortes de variantes pédantes du système idéographique qui n'étaient compris que d'elle. C'est en imposant une écriture unique, un système de poids et mesure unique, un système d'impôt unique, et un réseau routier unique que Shi Huangdi a réellement unifiée la Chine pour les deux millénaires suivants.
A ces commentaires sur le Shi Huangdi historique, je rajouterais le regard que le lecteur du manga jette sur Ei sei, le personnage. C'est un Adolescent pris dans une tourmente qui menace de le broyer, il essaie juste de ne pas mourir. Complots, trahisons, invasions, retournement de situation le prennent par surprise et le trouvent démunis. Il riposte comme il peut, avec ce qu'il a à portée de la main. Les résultats peuvent être coûteux. Le manga crée aussi des coupables (ministres, généraux sur le terrain) derrière les massacres (ce qui est bien sûr le point de vue du manga... mais en fait, Shi Huangdi est-il personnellement responsable de tout ce qui s'est passé sous son règne ?). Bien que roi de Qin en titre, Ein Sein n'est que le chef d'une des factions du palais qui se disputent le pouvoir réel.
La guerre... c'est le sujet principal du manga. Héros démesurés, plus grand que nature, bataille gigantesques avec des centaines de milliers de participants, stratégies complexes, tactiques étranges (pour un esprit occidental) armes exotiques (chars de guerre, éléphants). J'ai été sidéré par la précision et l'ampleur des combats. A côté de l'aspect "manga", des citations tirées d'ouvrages historiques apparaissent ce qui montre qu'elles sont basées sur des faits réels (bien que bon nombres de faits soient fictifs).
La force de ce manga est de mélanger en permanence la fiction avec l'histoire. Les deux héros du mange sont Ei Sein (personnage historique) et Shin (personnage de fiction). Et on passe de l'histoire à la fiction, de la fiction à l'histoire sans que le passage de l'un à l'autre se remarque. le tout devient formidablement homogène et très prenant.
Ouvrir le premier tome de Kingdom est un exercice hautement périlleux... vous ne pourrez pas arrêter avant d'avoir terminé le dernier. J'ai passé une semaine à me coucher à quatre heures du matin pour tous les lire. l'intrigue ne génère jamais le moindre temps mort. les événements se succèdent en cascade et vu qu'il y a plusieurs intrigues principales, plusieurs intrigues secondaires et un foule de personnages secondaires avec leur propre histoire c'est un miracle que la série soit aussi cohérente.
Ce manga a reçu le prix de la culture Tezuka Ozamu en 2013 et il est entré dans le livre Guiness des records pour être le manga écris par le plus de personnes. Actuellement, le manga a atteint sont 25 volumes (et l'anime sa seconde saison) mais si mes calculs sont justes, pour écrire l'histoire de la fondation de la Chine il faudra... 100 volumes. ce qui en fera aussi un des plus gros mangas de l'histoire.
Personnages :
Note : J'ai gardé les transcriptions japonaises des noms des personnages. D'abord parce que ce sont celles que l'on trouve dans la V.O. Mais surtout parce que les noms du vieux chinois prononcés en chinois moderne sont déjà problématiques pour les Chinois. Ajoutez à ça la translittération vers le Japonais puis du Japonais vers le français et j'obtiens quatre à huit possibilités....

Ei sein devenant ainsi : Ying Zhen, Ying Zao, Xing Xuen etc...
Shin :

(capture d'écran du jeu PSP, Shin en gros plan)
un jeune esclave qui rêve de devenir un grand général. A l'origine, desespéré par la mort d'Hyo son presque frère, il détestera Ei Sei qu'il jugera responsable. Ils passeront beaucoup de temps à se disputer, voir à se battre ! Petit à petit, ils viendront à s'estimer puis à s'aimer. Dès le début de la série Shin est un épéiste de talent?. A quinze ans, il est capable de battre des professionnels adultes (assassins ou guerriers) qui se targuent d'être les meilleurs. D'abord simple guerrier, il deviendra chef d'une petite unité de 100 miliciens déguenillés qui, en l'espace de quatre ans, se transforma en une armée de 5000 hommes d'élite. Shin est une brute sympathique. C'est un gentil garçon qui ne supporte pas que l'on fasse du mal aux civils. Mais qui de l'autre adore les batailles et le carnage. Ce n'est pas un stratège (c'est son gros point faible) cependant, c'est un intuitif qui SENT la bataille et y réagit très vite. Il a aussi la VOIX c'est à dire le talent du vrai chef de guerre de donner des ordres au beau milieu du combat et que les soldats autour (les siens mais aussi les autres unités obéissent). L'unité qu'il commande est célèbre pour être capable de percer au travers des meilleurs unités, vaincre des troupes deux fois plus nombreuses qu’elle avec des pertes négligeables mais aussi échapper à l'anéantissement face à des unités dix fois (ou plus ) supérieure en nombre.
Ei Sei :

Personnage historique, roi de Qin et futur premier empereur et unificateur de la Chine. Dans le dessin animé et le manga, c'est un adolescent introverti et froid. Il parle peu sourit rarement (et ne rit qu'une seule fois). Sa vie est un cauchemar. On pourrait croire qu'être roi c'est agréable. Mais le royaume de Qin est pourri jusqu'à la moelle : les eunuques, les lettrés, les généraux, les ministres, les mandarins... tous sont divisés en coteries qui soutient celui-ci ou celui-là. Le roi-enfant Ei Sei est pour certain un pantin à manipuler, pour d'autre une cible à éliminer. Au début de l’histoire sa faction se réduit à un ministre fidèle Shobunkun et... c'est tout. Toutes les autres factions sont ces ennemis et s'ils ne passaient pas autant de temps à se battre entre eux, il serait mort ou réduits au rang de potiche depuis longtemps. Grace au sacrifice d'Hyo (son sosie) qui est mort à sa place, il a pu s'échapper du palais au début de la série.Toutefois, il se retrouve seul à l'extérieur avec juste une épée et... Shin, un paysan borné agressif, qui le tutoie et l'appelle "Sei" sans aucune marque de respect. Entre révolutions de palais et guerre, Ei Sei va finir par développer une profonde confiance et une forte amitié envers cet ancien esclave qui va devenir en quelques années un de ses meilleur chef de guerre, et le plus sûr des appuis. Si la partie "Shin" des épisodes est consacrée au champ de bataille, la partie "Ei Sei" est consacrée à la stratégie de haut niveau, mais aussi aux intrigues politiques, à la diplomatie, à l'espionnage et... aux trahisons incessantes.
Hyo : meilleur ami de Shin, sosie de Ei Sei, il meurt au tout début de la série mais... quelque part il est toujours là. certains épisodes (notamment lorsque Shin est grièvement blessé) le montrent sous forme de flash-back voire de fantôme à proximité de Shin. Shin se bat généralement avec l’épée d'Hyo (rpise sur son cadavre) et l'arme semble comment dire "magique" incassable et capable de percer n'importe quoi. certaines scènes suggèrent que l'arme a hérité de la force de'Hyo après sa mort.
Karyo Ten :

Dans le premier épisode de la série cet étrange personnage habillé d'une tenue d'herbes sèches qui le fait ressembler à un hibou, guidera Shin et Ei sei hors d'un guet-apens. A cet époque il prétends être un garçon... il a a alors une dizaine d'années. sauf que... et bien Karyo Ten est une femme. Quelques années plus tard certains... "avantages" évident commenceront à métamorphoser sa silhouette et rendrons la supercherie impossible. Au début de la série, à part ses dons de cuisinier et sa diplomatie, (elle s'interpose souvent entre Shin et Ei Sei) elel n'apporte rien à la série. Consciente d'être de plus en plus souvent d'être mise à l'écart, à l'abri, loin de l'action, elle décidera de devenir élève à l'académie de stratégie du palais. D'après son professeur, elle est son meilleur élève.
Shobunkun : Ancien général de l'armée de Qin (à la retraite) c'est un ministre du roi. C'est au départ le seul membre du gouvernement à être fidèle au roi Ei Sei. Sa force militaire est faible et son influence à la cours restreinte. Il est cependant capable en tant que stratège politique et militaire. Au départ, il est le pivot central de la série. Le remplacement du roi par un sosie, l'évasion de Ei Sei tout est de son fait. Par la suite, avec l'apparition de nouveaux soutiens, son rôle devient plus effacé.
Heki : Lieutenant de Shobunkun, il dirige sa petite armée de loyaliste. Shin l'appelle "grand-frère". Ces deux là s'aiment beaucoup et se soutiennent souvent. C'est un militaire classique ni un génie, ni un mauvais chef. Il progresse dans sa carrière à mesure des victoires qu'il remporte devenant général.
Kyo Kai

Bien que le personnage apparaisse après la première époque de la série (l’usurpation du trône), c'est un membre fondateur de l'unité Hi Shin que commande Shin. C'est une assassin et une shaman... elle peut invoquer un dieu de la guerre. Elle combat alors en transe saisie par une fureur divine. C'est la première fille que Shin remarque (il est le dernier à comprendre que Karyo Ten est une fille alors qu'il vit avec elle... m'ouais l'adolescence est un âge cruel). Il trouve Kyo Kai très belle (il le lui dit) et ils deviennent très proche. Leurs sentiments l'un pour l'autre sont... et bien ils sont très proches et..; zut... trop bêtes. kyo kai qui a commencé à tuer à dix douze ans est complètement ignorante en matière d'amour et de sexe. donc incapable de comprendre ce qu’elle ressent. c'est un personnage très sympathique et très haut niveau moral. Au combat... c'est un monstre. A l'époque de leur première rencontre elle aurait battu Shin en dix secondes les deux bras attaché dans le dos. C'est un des meilleurs combattants de la série à la fois très rapide et très forte techniquement... malheureusement, elle manque d'endurance. Si un combat dure, elle perd son souffle et se fatigue. En plus, elle est rusée et fine tacticienne. Les progrès de Shin à l'épée doivent beaucoup à plusieurs année d'entraînement à ses côtés. Il faut comprendre, qu'au départ les points forts de Shin sont sa force physique, sa brutalité et son endurance. c'est un autodidacte, il ne connait aucune technique. Il brise l'ennemi par des attaques répétées puissantes et rapides. Face à un adversaire meilleur techniquement, ou surtout plus rapide, il est facilement battu. Kyo Kai lui apprend à combattre des adversaires plus rapides en lui enseignant des techniques de combat.
Ô Ki ( le roi Ki, en Chinois Wang Qi) : ce puissant général dirige une force semi-indépendante au sein du royaume de Qin. C'est le dernier survivant des 6 Grands Généraux de Qin qui -une génération plus tôt- dirigeaient les armées du pays. C'est un guerrier fantastique (comme son lieutenant, Tou), un fin stratège, et son armée privée est la crême de l'armée de Qin. Il est à la fois admiré et haï dans l'ensemble des 7 royaumes. Il meurt au cours d'une grande bataille, mais reconnait dans Shin un futur grand général et lui donne sa hallebarde avant de décéder. C'est lui qui forme l'unité Hi Shin que dirigera Shin.
L'unité Hi Shin : au départ une simple unité de miliciens, en quatre ans la transforme en une unité militaire de la taille d'une petite armée, classée parmi les unités d'élite du royaume de Qin.
l'unité Hi Shin au départ :

Au bout d'un an :

Au bout de deux ans l'unité est fusionnée avec une troupe régulière de 1000 hommes commandée par So-Sui

Elle devient ensuite une vraie armée :

Les bannières portent l'idéogramme "Shin". En tant que corps d'armée indépendant, l'unité Hi Shin arbore son propre étendard de bataille plutôt que celui de Qin (note : le personnage à gauche de Shin - à 19 ans- est Karyo ten, mais là elle doit avoir 15 ou 16 ans, et ressemble davantage à une fille,)

L'étendard de Qin
Mes scènes préférées
Il y a évidemment plein de scènes très jolies ou très impressionnantes. Mais il y a quelques scènes qui me touchent beaucoup.
La première a lieu lors de l'invasion de Wei par l'armée de Qin. Shin, alors commandant de mille hommes, intervient pour protéger la population civile qui subit le rut et la violence d'une soldatesque déchaînée. Condamné à la peine minimale pour avoir attaqué des soldats - un jour de prison- il est encagé. Kyo Kai vient lui tenir compagnie et finit par s'endormir en chien de fusil couché en travers de la porte. C'est vraiment très mignon.
D'ailleurs il y a une autre scène avec elle qui m'a beaucoup touché. C'est la première fois qu'ils se revoient. Kai passe par le village de Shin pour lui parler et finit par dormir chez lui. Au cours de la nuit, Shin se réveille et regarde le visage de kyo kai baigné par un rayon de lune. Son regard et si insistant que Kyo (qui ne dort pas ) lui dit d'arrêter... il répond que son visage est beau qu'il n'a pu détourner les yeux.
La seconde c'est le moment où Ei Sein récompense Shin pour sa conduite lors d'une bataille. c'est leur première rencontre officielle. Et - pour une fois - Shin joue au parfait officier parlant à son roi comme il faut. Et alors qu'Ei Sein donne l'épée qui symbolise le nouveau commandement de Shin, la salel tout entière se tait pour les regarder. Deux beaux jeunes hommes symbolisant le pouvoir royal et l'armée... une très jolie scène..; mais simultanément l'auteur nous montre les visages amusés de Shin et de Sei... et mentionne qu'ils font des efforts héroïques pour ne pas rire de la mise en scène qu'ils ont préparé !
La troisième à lieu plus tard, lors de l'arc de l'armée de la Coalition. Shin dirige la retraite des débris d’une armée Qin vaincue. Alors qu'il entre, épuisé et démoralisé dans la dernière ville avant la capitale, il se retrouve face à Ei Sei en armure qui l'attend au milieu de la garde royale, étendards déployés. Shin dirige son cheval vers lui et pose la tête sur l'épaule du roi et se met à pleurer. Au bout de quelques instants de silence stupéfait de toute l'assistance, Shin demande à Sei de l'excuser et celui-ci, froid comme à son habitude réplique. "Ce n'est rien. Tu m'as prêté tant de fois ton épaule pour que je m'y appuis qu'il est normal que le fasse à mon tour". Quelques minutes plus tard remis, Shin entre dans la salle ou l'état-major du roi est en train de mettre en défense la ville. Le voyant arrivé, Sein lui jette "c'est bien que tu es arrêté de pleurer comme une petite fille, on a du travail"... réplique qui est plus habituelle de leurs relations. Shin réponds habituelle de manière tout aussi agressive... il est la seule personne à appeler le roi par son prénom et à le tutoyer.
La dernière est le moment où Ko, la concubine du roi met au monde sa fille. Ei Sein fait les cent pas devant la porte à se ronger les sangs... c'est la seule fois de toute la série où il perd vraiment son calme composé qu'il montre toute la série. En fait il ne montre avant cela ses émotions que très brièvement, lors de des premières disputes avec Shin où ce dernier le frappe et où Sein réplique et surtout la première fois où le nom de Shin est mentionné par le haut état-major. Il frappe alors l'accoudoir du trône de son poing... au grand étonnement de ses ministres ! S'il leur déclare de continuer leur rapport, en fait il jubile intérieurement.
L'honneur n'est qu'un bien personnel, le plus précieux, certes. Mais l'honneur n'est pas une qualité pour l'exercice de cet art délicat qu'est la guerre.