Il faut savoir qu'un cheval complètement bardé avec un chevalier en armure sur le dos ne peut pas foncer comme un dératé le blanc panache (que les heaumes n'avaient pas) au vent. Faut pas rêver. Les charges de cavalerie ultra lourde se font à une vitesse assez modérée plus un trot soutenu qu'un grand galop.
De toute manière, les chevaux utilisés n'étaient des chevaux semblables à ceux que nous voyons dans les films. Ce genre d'étalon apparaît en Espagne à la fin du Moyen-âge par croisement entre les grands chevaux des chevaliers (proche des chevaux de labour) qui étaient hauts et lourds, et les chevaux arabes petits et rapides.
Un chargeur, le cheval de bataille typique, n'est pas un cheval rapide, c'est un cheval endurant et fort.
L'armement du chevalier ? L'épée ? L'épée est plus un symbole de rang social car c'est une arme chère. Le chevalier porte l'épée longue pour démontrer son statut lorsqu'il est à pied, c'est pour ça qu'elle est accroché à la ceinture. Si vous avez jamais vu l'harnachement complet d'un chevalier vous comprendriez qu'il n'est pas facile de dégainer une telle arme lorsque l'on se trouve à cheval.
L'arme principale du chevalier est la lance. Normalement, les chevaliers affrontent les chevaliers en champ clôt (même dans une bataille en extérieure, les chevaliers se déploient face à face pour une charge frontale). Les chevaliers se lancent de front sans tourner la tête et ils frappent de front.
Bon les deux groupes se sont heurtés, commence la mêlée. Qu'elle arme utilisent-t-ils ? L'épée ? Non ! L'arme qu'ils utilisent et leur arme d'arçon, beaucoup plus facile à saisir car elle est accrochée à la selle à portée de la main. Généralement cette arme est une masse ou une hache, des armes fortes, capables d’infliger des dommages et même de briser des os au travers de la cotte de maille et du ganbisson.
Un mot de la masse. Elle apparaît au treizième siècle en évolution de la massue primitive utilisée depuis le paléolithique.
Il faut savoir que toute l'histoire du perfectionnement de la cotte de maille vers l'armure de plate et du renforcement du heaume puis de son abandon c'est fait en réaction à l'usage de la masse d'arme.
Les premières masses étaient cylindriques armées de pointes (morgenstern) puis on passa à la sphère armée de pointes, mais cette arme se révéla décevante car il était impossible de forger une boule avec des pointes d'une seule pièce et souvent les pointes sautaient lorsqu'on portait un coup.
On revient donc à la masse cylindrique et pour éviter le problème des pointes qui se brisaient on fit des masses en bronze coulé.
Jusqu'à l'époque des croisades, la masse est une arme honteuse, une arme de vilain. C'est au retour de Saint Louis que les Français commencent réellement à utiliser les masses d'armes (après en avoir tâté de la part des Sarrasins). Toutefois, ils reviennent au fer car le bronze fondu n'est pas assez dur pour entamer des armures de plates. Ces masses sont dites à ailettes.
Elles sont faites de lames de métal (du fer généralement) soudés à un manche de même métal. Elles étaient conçues pour enfoncer les heaumes et étaient des armes terribles capable de tuer un adversaire d'un seul coup ! Ce sont des armes courtes, seulement 60 cm, tant mieux, car debout sur un cheval en mouvement, maintenu en place par une selle haute, corseté de fer ou de maille, pour frapper un fantassin ou un autre chevalier avec une arme longue, c'est plutôt difficile.
L'honneur n'est qu'un bien personnel, le plus précieux, certes. Mais l'honneur n'est pas une qualité pour l'exercice de cet art délicat qu'est la guerre.