Varla
Il s'agit d'une fiche récapitulant les informations acquises sur un personnage du mod "Vigile" de VICN.
| En poursuivant votre lecture, vous vous exposez à un risque de spoilers. |
Un héritage destructeur
Varla est un ancien seigneur de guerre alessien qui s'est ensuite ranger de sa propre volonté sous le commandement de Molag Bal qui lui a confié la garde de Fort Vérin.
La première fois que nous entendons parler de lui, c'est de la bouche de Pépé qui nous le présente comme fou et asservit à Molag Bal, nous conseillant donc de rester loin de lui.

La deuxième fois que notre route croise la sienne, c'est dans le Fort Vérin, lorsque nous l'affrontons parce qu'on a décidé de passer par-là. Après sa mort, récupérer le crâne d'Enola sur lui lancera son souvenir mémoriel. Dans ce dernier, une des nombreuses batailles menées par l'Ordre Alessien pour atteindre Malada vient de se terminer et, sur le corps d'une certaine Gloriel, nous pouvons ou non récupérer Aubéclat.
[Gloriel peut être trouvée à Havreglace, au fond du puit de la Cour de l'Inquisition, où nous pourrons avoir une conversation avec elle.]
Quoiqu'il en soit, nous approcher poussera le faux Belharza à nous apostropher, ce qui nous apprend qu'il est celui qui a élever Varla, puis à nous demander d'abattre une enfant sous le seul prétexte qu'elle est une elfe. Varla le confronte alors sur ses origines et Belharza lui demande si c'est ce maudit Barde qui lui a dit la vérité, qu'il est mi-humain, mi-elfe.
La marionnette met alors un coup de pression à Varla, lui rappelant tout ce qu'il lui doit pour vaincre ses réticences et... Varla s'exécute, tuant Énola. Cet événement le traumatisera profondément - au point qu'il conserve son crâne sur lui jusqu'après sa propre mort - et marquera le début de sa folie, son esprit incapable de réconcilier son héritage métisse avec la cruauté de la vie qu'il mène au sein de l'Ordre Alessien.
Il existe également un livre, qui pourrait parler de lui - Ce que le Kahjiit a entendu ; de Ja'zhan - et rendre compte de ses terribles actes envers ses serviteurs, la plupart étant non-humains.
On apprend également, un peu plus tard que, dans des circonstances et à un moment inconnu, il a complètement perdu la tête au point d'arrêter de chasser les Elfes pour chasser les Hommes à la place. De plus, un autre témoignage, celui de Gloriel, nous apprendra que Pélinal était très réticent durant la bataille, sans doute avec la nouvelle connaissance de son héritage.
Mais la plus grosse révélation survient là où on l'attendait le moins. En effet, les souvenirs de Pélinal nous apprennent que Mari, sa mère, était l'esclave sexuelle d'Umaril et est tombé enceinte de lui. Ce qui signifie que Varla est le fils d'Umaril-le-Sans-Plume. Il porte lui aussi, comme son père, Pélinal, Morihaus et Belharza, le Sang des Ada.
[Son statut de fils d'Umaril pourrait nous pousser à remettre en question, non seulement l'obsession de l'Ordre Alessien pour que Varla soit celui qui détruise les derniers bastions ayléides, mais également l'intérêt de Molag Bal pour le fils de l'un des plus grands serviteurs de son ennemie de toujours : Meridia.]
Un homme complètement déchiré par son double héritage (Elfes & Humains / Divins & Mortel), voilà qui est Varla.
Un homme brisé
Les chaînes de la vérité
Élevé comme un esclave et une arme pour détruire les elfes, Varla n'a jamais eu la possibilité de prendre un réel choix dans sa vie. Objectivé sans pitié par ceux qui voulaient utiliser le Sang des Ada à leur avantage, il a fini par se voir exactement comme ses ravisseurs le voulaient : une chose, un rouage de l'implacable Ordre Alessien.
C'est dans ce contexte qu'intervient le Barde, qui vient à lui pour lui offrir ce qu'il a toujours désiré : la vérité sur ses origines.
En effet, pour un orphelin isolé et élevé dans la brutalité la plus excessive, savoir d'où il vient lui permet de se reconstruire une identité et une individualité. Il n'est plus un outil, mais une personne, avec sa propre agence. Le piège du Barde, ici, réside dans le fait que Varla, même une fois qu'il se reconnaît comme une personne, demeure un individu brisé, sans aucun repaire moral fiable, et qui n'a jamais rien connu d'autre que la violence.
Or quand un individu voit son monde bouleversé, il a tendance à se retrancher sur ses acquis, sur ce qui lui est familier. Sauf que, dans le cas de Varla, ce qui lui est familier, c'est l'obéissance à ses bourreaux et les bains de sang. Prendre une autre voie devient donc une perspective terrifiante, capable de déconstruire toute la perception qu'il a de lui-même. Psychologiquement, c'est une épreuve terrible.
En d'autres termes, lui révéler la vérité dans ces conditions revenait à créer une recette pour un désastre, et Bal le savait parfaitement.
La destinée d'un homme violent
L'usage de violence contre nous nous désensibilise à la violence elle-même.
"La souffrance conduit les individus à considérer qu'il n'y a pas d'avenir possible, hormis la mort. D'où celui qui a subi la violence, qui a affronter la possibilité de sa propre mort, deviendra, une fois en position de force, certain que plus rien en lui n'a de valeur, qu'il est déjà mort et qu'en conséquence, rien ne l'empêche d'en faire usage dès maintenant." - Simone WEIL
... Rien ne l'en empêche, certes, mais ne peut-il pas aspirer à mieux pour autant ?
Même si sa condition est terrible et que tout semble contre lui, il est difficile, pour un homme qui vient juste de découvrir que l'espoir existait, d'y renoncer sans une arrière-pensée, sans le moindre doute persistant dans son coeur. Et, dans le cas de Varla précisément, son incapacité à se détacher du rappel physique de sa plus grande erreur soit ce qui nous permette d'accéder à ce souvenir n'est pas anodin. Il s'agit d'une déclaration en soi : Varla n'a jamais réussi à étouffer cette aspiration.
Sa damnation est venue de son choix de l'ignorer malgré tout, et c'est ce qui l'a finalement détruit. Pas seulement parce que personne ne peut vivre une telle vie et en sortir adapté à n'importe quel type de société, mais aussi parce que le basculement qui s'est opéré à ce moment-là, c'est que Varla a cessé d'être une victime impuissante, pour devenir un complice actif de son propre malheur. Il avait le choix et a décidé de fermer les yeux pour se complaire dans une voie qu'il savait auto-destructrice... ce qui est une réalisation beaucoup trop dévastatrice pour lui, qui a achever de le faire basculer dans l'instabilité.
Cependant, que se passerait-il si vous lui donniez l'impulsion nécessaire pour croire en lui, en son droit à un avenir qui ne se résume pas à être l'outil des Alessiens, pour qu'il s'empare de sa propre liberté ? Si vous lui donniez le courage de regarder ses bourreaux pour qu'il dise enfin "stop" et s'empare de cet avenir qu'il désire tant ? Varla est un homme violent qui n'aspirait qu'à la paix, mais n'a pas eu le courage de saisir l'occasion lorsqu'elle s'est présentée à lui.
Le moment où il doit faire le choix de tuer ou non Eola porte donc une double thématique : sa capacité à affirmer son individualité, en revendiquant son droit à sa propre auto-détermination, à reconstruire une identité non-définie par l'Ordre Alessien, mais aussi à imaginer un avenir pour lui-même, qui ne soit pas entaché par la mort et la tragédie.
