Après vous avoir bassiné avec le bassinet,
Puis vous avoir barbé avec la barbute,
Je ne m'améliore visiblement pas, puisque à présent je vais vous raconter des salades
Sixième partie : la salade
Cette salade en question ne se sert pas assaisonnée de vinaigrette mais plutôt de coups de masses et d'autres horions !
La salade apparaît au XIVème siècle (encore qu'elle ne portait pas ce nom à ce moment). Si vous avez lu les précédents article sur le heaume vous devez avoir compris que le heaume proprement dit est lourd, encombrant et transforme le chevalier en malvoyant à moitié sourd en train de s'étouffer (vachement pratique au combat). Le chapel de fer et autre cervelière sont légers et peu gênant mais ne protègent pas le visage. La barbute a le même problème, quand au bacinet il devra encore être perfectionné.
La salade est une évolution de la barbute auquelle on ajoute un long couvre nuque et une visière.

En voici quelques exemples.
La première, en haut à gauche, est en fait une barbute,
Immédiatement à droite se trouve une salade sans visière mais avec couvre-nuque.
En bas à gauche se trouve une salade avec couvre-nuque et visière fixe
En bas à droite une salade avec couvre-nuque et visière mobile.

Voilà cette même salade à visière mobile en plus gros plan.
La salade sans visière était le principal habillement de tête des fantassins des armées du début du XVème siècle. Forgée en un seul morceau dans une pièce d'acier très dur, elles sont bien étudiées et restèrent en usage chez les archers jusqu'à la fin du moyen-âge. Fermement tenue en place par deux courroies de cuir passées sous le menton, la salade ne bougeait pas même en cas de coup très fort. Elle était surtout étudiée pour protéger des coups venant d'en haut, comme ceux que distribuent des cavaliers changeant la piétaille.
Les cavaliers préféraient la salade à visière qui enveloppe mieux le crâne et protégeait mieux des coups d'estocs et des coups latéraux.
Comme vous l'aurez surement remarqué, cette pièce d'armure couvre tout le haut du crâne et laisse le bas un tantinet exposé (si, si vous l'avez remarqué, n'est-ce pas... J'ai dit N'EST-CE PAS

)
Aussi les armuriers créèrent un pièce d'armure supplémentaire appelée bavière qui couvrait la bas du visage. Ici un modèle intégré au gorgerin (la pièce d'armure qui protégeaient la gorge et le cou).

Certaines bavières étaient intégrées au heaume salade et pouvaient-être enlevées ou parfois étaient articulées. Note : ne pas confondre bavière et bavette. Les chevaliers ne mangeaient peut-être pas très proprement, mais ils n'avaient pas de bavette, les bébés si ! Fournissez une bavière à une bébé elle lui sera à peu-près aussi utile qu'un bridge dentaire à une poule, l'inverse et vous terminez transpersé d'un coup de flamberge !
Voilà une photo venant du musée des invalides à Paris, pour vous donner une idée des armures complètes :

L'armure tout à fait à gauche a pour habillement de tête une salade à visière mobile.
Celle à droite est probablement une barbute ou peut-être un des premiers modèles de salade (sans visière), il faudrait que je la voie de côté pour trancher.
Les deux derrières ont des heaumes armets, dont nous parlerons dans un prochain article.