La Confrérie des Traducteurs

L’évolution du heaume

Le heaume est le grand casque, normalement fermé, qui fut porté durant tout le moyen-âge. Pour des raisons de facilité, j'inclus les bassinets et salades du moyen-âge tardif dans la classe des heaumes (ce qui est en fait une hérésie, le heaume disparaît au XIVème siècle).
1°) L'antiquité:

Bien que le heaume proprement dit n'apparaît qu'au XIIème siècle, il a eu des prédécesseurs.

Le premier de ces prédécesseur est le casque des hoplites. La bombe en était très élevé et pouvait se porter de deux manière. Soit en dégageant le visage, comme sur cette sculpture.

Soit en le masquant complètement


Ces casques d'hoplites lourds étaient magnifiques, bien adaptés à la forme du crâne, et laissaient un espace vide suffisant, du front à l'occiput pour être appelés heaumes.
On peut remarquer la différence entre le heaume à visière représenté sur la sculpture (qui est un casque dorien) avec les photos 1 et 3 qui représentent des heaumes à nasal. L'évolution suivante leur donnera des jugulaires articulées.

certains habillements de tête des gladiateurs préfigurent les heaumes avec des cimiers énormes, des appendices latéraux et des ventailles

2°) Le début du Moyen-âge

Les heaumes proprement dit n'apparaissent qu'aux onzième siècle et sont d'inspirations scandinaves. Toutefois, la colonne trajane montre de nombreux habillements de têtes qui pourraient avoir inspirés les premiers heaumes. On trouve déjà le heaume spangenhelm caractéristique des germains :

Il est remarquable par sa structure composite, formée de plusieurs plaques rivetées qui forment un tymbre en dôme très relevé et dominé par une pointe : l'apex.
Les plaques rivetées sont souvent ornées de ciselures magnifiques. En voici un exemple:


Ce casque a été baptisé par les archéologues d'un nom qui rappelle son motif : " Raven warband"

Toutefois, le spangenhelm n'est pas considéré par tous comme un heaume et le plus souvent (comme ses prédécesseurs de l'antiquité) ne semble que le préfigurer.

Le premier véritable heaume du moyen-âge apparaît sur les viking tardifs, les Normands et même les Saxons :


En voici une reproduction :


Ce casque conique à nasal était de fer avec rebras de cuivre lorsqu'il se composait de plusieurs pièces rivetées ou de cuivre s'il était d'une seule pièce. Il existe de nombreuses déclinaisons de ce casque en dépit d'une existence assez courte (onzième douzième siècle).
Voici un article d'Eugène Violet-le-Duc qui vous en apprendra plus: http://www.cafe.rapidus.net/gcayouet/mo ... Haume2.htm

Troisième partie : Au treizième siècle:

Dans certaines provinces du centre de la France, le heaume conique à nasal fut parfois utilisé jusqu'au début du treizième siècle.
Les premiers heaumes a englober complètement la tête furent fabriqués en forme de cloche. Ils avaient toutefois le désavantage de presser fortement sur le nez, au risque de le briser, en cas de coup porté de face.

Avant de continuer, il faut savoir que le heaume n'était pas porté directement sur la tête, sans rien en dessous. Tout comme la cotte de maille est portée par dessus un gambergon de cuir matelassé d'une bourre de tissu, le heaume est porté sur un camail fortement rembourré fait de peau. Cet habillement de tête permettait d'absorber les chocs et préservait quelque peu le crâne de l'effet des masses à ailette conçue pour fracasser les heaumes.

Les heaumes du treizième siècles sont ceux dont il nous est le plus facile de souvenir. En fait, c'est à eux que l'on pense quand on prononce le mot "heaume".

Voici un heaume à visière mobile de type cylindrique sans renfort.

Cet heaume sans partie mobile est par contre doté de renforts.

Cette forme cylindrique remplace la forme conique qui avait le défaut de devoir faire supporter tout le poids du heaume sur la tête du chevalier. Le heaume a renfort que l'on voit sur la seconde photo a une calotte solidement renforcé de plaques de fer rivetés pour protéger le sommet du crâne des coups de masse.

Certains de ses heaumes, ceux des rois, pouvaient atteindre des sommes folles. Dès le XIIème siècle, il est question de heaumes rehaussés de feuilles d'or, portant couronnes et même des pierres précieuses.


Dans la seconde moitié du XIIIème siècle, l'utilisation de masse à ailettes provoquent une évolution de la forme cylindrique, vers la forme cylindro-conique. En effet, les lames de la masse peuvent fracasser sans peine les plaques de fer battues qui composent les heaumes. Le sommet du heaume est à présent un dôme et étudié pour dévier l'attaque.

Vers la même époque, le heaume acquière un cimier. Loin des panaches de plumes imaginés par les films de capes et d'épée, on se retrouve plutôt avec des trucs de ce genre :

ou celui-ci:

Les derniers heaumes du XIIIème siècle retrouvent la visière mobile qui avait déjà été expérimentée au début de ce siècle.

Très instructif, comme toujours maître, mais comment faisaient ils pour se battre avec ça ?!

Merci pour toutes ces indications, Malhuin .

Eldrak, je suppose que c'est comme tout, une question d'entraînement. L'angle de vision devait tout de même être restreint.

Justement, j'ai l'intention d'en parler. Et vous verrez pourquoi la version hollywoodienne avec les chevaux lancés aux grands galops me fait mourir de rire !

Les versions hollywoodiennes manquent toujours de réalisme.

Il faut savoir qu'un cheval complètement bardé avec un chevalier en armure sur le dos ne peut pas foncer comme un dératé le blanc panache (que les heaumes n'avaient pas) au vent. Faut pas rêver. Les charges de cavalerie ultra lourde se font à une vitesse assez modérée plus un trot soutenu qu'un grand galop.

De toute manière, les chevaux utilisés n'étaient des chevaux semblables à ceux que nous voyons dans les films. Ce genre d'étalon apparaît en Espagne à la fin du Moyen-âge par croisement entre les grands chevaux des chevaliers (proche des chevaux de labour) qui étaient hauts et lourds, et les chevaux arabes petits et rapides.
Un chargeur, le cheval de bataille typique, n'est pas un cheval rapide, c'est un cheval endurant et fort.

L'armement du chevalier ? L'épée ? L'épée est plus un symbole de rang social car c'est une arme chère. Le chevalier porte l'épée longue pour démontrer son statut lorsqu'il est à pied, c'est pour ça qu'elle est accroché à la ceinture. Si vous avez jamais vu l'harnachement complet d'un chevalier vous comprendriez qu'il n'est pas facile de dégainer une telle arme lorsque l'on se trouve à cheval.

L'arme principale du chevalier est la lance. Normalement, les chevaliers affrontent les chevaliers en champ clôt (même dans une bataille en extérieure, les chevaliers se déploient face à face pour une charge frontale). Les chevaliers se lancent de front sans tourner la tête et ils frappent de front.

Bon les deux groupes se sont heurtés, commence la mêlée. Qu'elle arme utilisent-t-ils ? L'épée ? Non ! L'arme qu'ils utilisent et leur arme d'arçon, beaucoup plus facile à saisir car elle est accrochée à la selle à portée de la main. Généralement cette arme est une masse ou une hache, des armes fortes, capables d’infliger des dommages et même de briser des os au travers de la cotte de maille et du ganbisson.

Un mot de la masse. Elle apparaît au treizième siècle en évolution de la massue primitive utilisée depuis le paléolithique.
Il faut savoir que toute l'histoire du perfectionnement de la cotte de maille vers l'armure de plate et du renforcement du heaume puis de son abandon c'est fait en réaction à l'usage de la masse d'arme.
Les premières masses étaient cylindriques armées de pointes (morgenstern) puis on passa à la sphère armée de pointes, mais cette arme se révéla décevante car il était impossible de forger une boule avec des pointes d'une seule pièce et souvent les pointes sautaient lorsqu'on portait un coup.
On revient donc à la masse cylindrique et pour éviter le problème des pointes qui se brisaient on fit des masses en bronze coulé.

Jusqu'à l'époque des croisades, la masse est une arme honteuse, une arme de vilain. C'est au retour de Saint Louis que les Français commencent réellement à utiliser les masses d'armes (après en avoir tâté de la part des Sarrasins). Toutefois, ils reviennent au fer car le bronze fondu n'est pas assez dur pour entamer des armures de plates. Ces masses sont dites à ailettes.



Elles sont faites de lames de métal (du fer généralement) soudés à un manche de même métal. Elles étaient conçues pour enfoncer les heaumes et étaient des armes terribles capable de tuer un adversaire d'un seul coup ! Ce sont des armes courtes, seulement 60 cm, tant mieux, car debout sur un cheval en mouvement, maintenu en place par une selle haute, corseté de fer ou de maille, pour frapper un fantassin ou un autre chevalier avec une arme longue, c'est plutôt difficile.

Merci pour ces 20 pages que j'ai lu avec un grand plaisir malhuin,aimant beaucoup les armes blanches et les armures je ne peut que te remercier pour ce cour d'histoire fort passionnant ,j'espère qu'un jour tu trouvera un éditeur qui acceptera de publier tes livres

Merci aussi à yu qui pour son article sur les armes asiatiques

J'ai tous lu ! Franchement bravo ! De très bon cours sur les armes historiques, après pour relancer le débat sur Skyrim, je pense que partir sur un coté magique est plutôt utile, mais en restant dans les possibilités du jeu, je m'explique ! Si l'on veut faire une arme très grande (quand je dis très je veux dire plus qu'une claymore que je trouve déjà trop grande !) il faut prendre en compte les répercutions de cette arme sur les mouvements du joueurs ! Ainsi, moi je suis pour mais à condition d'avoir un malus d'agilité, d'endurance, ou tous ce que tu veux, qui permette d'avoir des armes hors normes, que ne sont pas cheat. Ainsi elles sont supra puissante (même si je trouve qu'un marteau de guerre à deux mains est déjà trop puissant !) mais en contre partie très peu maniable et très "négative". Je pense après que, des armes styles pelle à pizza sont vraiment inutiles (en plus c'est moche), mais qu'elles sont aussi dangereuse pour le gameplay du jeu.

Pour finir sur les armures, JERY de voir des armures pour femmes ou même pour homme qui couvre 15 millimètre. Dans ce cas pourquoi porter une armure? Non je pense qu'il serait par contre de bon ton de pouvoir porter des vêtements sous les armures (pas des grosses tunique rembourrer hein !) car je vois mal les chevaliers porter leur armures, et rien dessous ! Je rappelle qu'ils portaient des tuniques et des chausses pour se protéger de la morsure de l'acier ! Alors pourquoi ne pas faire des armures mis acier, fer etc. mis vêtement ? Avec par exemple des protections sur le ventre, le dos, le coup, le haut des bras et les jambes, et laisser l'entrejambe, les "jonctions" et les cotés du corps en toile brune. Une sorte d'armure mis lourde si vous voulez ! Bref ! Merci pour tes cours !