Tu as lu les Mabinogion ?
Décalé, pour un homme du VIIème siècle, pas du tout! Tu crois qu'ils s’interpellaient dans la rue comme ça " Yo, ma poule, ça plane pour toi ?"
Lit ceci :
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Le guerrier observa la jeune fille avec intensité. Au début, il n’avait prêté attention qu’à sa beauté. C’est alors qu’il remarqua l’anneau d’or qui perçait l’aile de son nez et la lyre précieuse accrochée à son dos.
- Comment vous appelez-vous ? questionna-t-il avec un respect nouveau, qui fit sourire la jolie rousse.
- Dizhaid est mon nom.
- De quel clan êtes-vous, qui est votre père ?
- Je l’ignore. Je n’ai jamais connu mes parents. Et toi… comment te nomme-t-on guerrier impétueux ?
- Je suis Gwilliw fils de Tegid, le rejeton d’un chêne glorieux.
- A ce que je vois, Gwilliw ab Tegid aux habitudes parfaites, le feu va avec le tonnerre. Ton père serait-il de haut rang ?
- Mon père est l’Amherawdyr de la tribu des Dunmonii. Il réside à Ker Totenais. Allez-le voir de ma part, dites-lui que vous souhaitez une audience du seigneur Corwin et… rappelez lui que vous êtes venue rapporter la mort de l’ermite des collines.
- Du… Seigneur Corwin ?
- Oui, Corwin ab Nessa est le penteulu de la famille Eowys.
Quand le jeune capitaine fit claquer ses rênes, Dizhaid le salua d’un sourire lointain. Elle était stupéfaite. Angus était-il ou non informé du fait qu’il l’envoyait et la recommandait à un chef de clan ? Le roi lui-même ne devait son pouvoir que des clans ! Le penteulu, par ses attributions, possédait les mêmes droits et devoirs qu’un souverain, au sein de la famille (élargie des serviteurs et des clients) qu’il dirigeait. Dans le système celtique, les propriétés individuelles n’existaient pas. Seules les familles pouvaient posséder terres, troupeaux, biens dont la jouissance était partagée. Le penteulu était en quelque sorte l’arbitre de son clan.
Le terme Amherawdyr désigne un chef de guerre dans une tribu celte, Penteulu est expliqué dans le corps du texte, c'est un chef de clan. Un clan étant une famille élargie, composée par le penteulu (qui pouvait être une femme), ses frères, soeurs, fils, maris épouse etc... leurs clients (c'est à dire d'autres familles moins puissantes établies sur leur terre), les artisans travaillant pour eux, les paysans cultivant la terre etc... Tout ça est un clan. Un clan partage le même destin. On s'enrichit ensemble et on s'appauvrit ensemble. A remarquer qu'il n'y a pas d'esclave dans un clan, il y a parfois des prisonniers de guerre, contraints au travail forcé, mais c'est toujours une sentence à terme. Il n'y a pas de non plus de sentence de mort. Les crimes les plus graves sont punis par l'exil : " que l'eau et le feu lui soit refusé!". Les clans sont souvent divisés par de sombres rivalités... mais ils sont tous membres d'une tribu, ici celle des Dunmonii, en Cornouaille britanique. Les tribus sont de véritables royaumes dirigés par un tiern ( que l'on traduit par roi, duc ou chef, l'historien byzantin Procluste, dans sa "Guerre des Vandales" le traduisit par tyran, au sens antique).
Les différentes tribus peuvent élire un grand roi ou vortigern (c'est un nom commun et non le nom d'un personnage historique, contrairement à ce que dit Bède le vénérable). Ils peuvent aussi se donner un chef de guerre commun pour les mener contre un ennemi. Le plus connu de ces amherawdyr était Arthur... et oui, l'Arthur historique n'était pas le roi de Logres mais le chef de guerre des rois britons.
Avec un système de pensée aussi différents, il est évident qu'ils ne s'exprimaient pas comme nous. Leur culture est d'abord oral. Si notre style est concis cela vient de l'habitude fastidieuse d'écrire. Les paroles que l'on laissent s'envoler peuvent paraître bien amphigourique.
Les Barbares
Cinquième partie : Les Romano-britons
Sous ce nom étrange se regroupent les Bretons (ou Britons, adjectif: britonnique) de l'époque post romaine. Fortement romanisés pendant des siècles et soudains redevenus indépendants. Ils sont de toute évidence la meilleure source d'inspiration pour les Brétons de TES.
Il faut savoir que l'époque qui suit immédiatement la disparition en Bretagne est connue sous le nom "d'époque arthurienne". Vous savez : Camelot, la table ronde, le Graal, Merlin ? Oui, cela vous dit quelque chose. Ce qui est intéressant, c'est qu'en mixant la réalité historique de l'époque et la légende ont peut obtenir des Bétrons plausibles pour Skyrim.
Structure politique :
Les Bretons forment des tribus. Ces tribus sont divisées en clan. Les chefs de chaque clan sont choisis, on prend le plus valeureux, celui qui a le plus contribué à la richesse du clan; Au final, c'est surtout celui qui tape le plus fort...
On appelle ces chefs de clan : penteulu.
Les penteulu élisent le tiern (roi, chef ou duc de la tribu), dans les faits les bardes et les chefs religieux ont beaucoup d'importance pour cette élection. Ils n'ont pas le droit de vote, mais sont présent avant les délibérations (où ils font une véritable campagne électorale), pendant les délibérations (ou ils influent sur les décisions) et après, au festin.
Le tiern est élu à vie (théoriquement). La vie d'un tiern impopulaire est courte...

Le conseil d'un tiern est formé du chef religieux, du chef des bardes, du chef des forgerons (qui représente tous les artisans) et de l'Amherawdyr, c'est à dire le chef de guerre.
A leur niveau, chaque penteulu a un conseil du même genre. Ah, bien sûr, les penteulu se mêlent de la politique de la tribu et "conseillent" fréquemment le tiern.
Le sport préféré des bretons est la razzia. Un groupe de jeunes gens part sur le territoire d'une tribu voisine pour voler des têtes de bétail. Arthur lui-même a excellé à ce sport national dans sa jeunesse ! Depuis l'époque près-chrétienne, ils se sont civilisés, avant pour être homme fait, il fallait partir nu, couvert de peinture de guerre avec une lance et un bouclier, se rendre sur le territoire d'une tribu voisine et tuer un ennemi pour ramener sa tête... Jolie mentalité

Enfin, c'est ce que racontaient Posidonius et César et cela sent la propagande à plein nez.
Bon c'est beau tout ça, mais les tribus reconnaissent toutes appartenir au royaume de Bretagne, plus ou moins théorique. Le rôle du grand roi (ou vortigern) est de guider les Bretons contre un ennemi commun. En fait, c'est le plus grand et le plus noble des tiern qui est élu grand roi par les autres tiern. Le processus de vote est exactement semblable à celui d'un tiern.
Structure militaire :
Vous m'excuserez de vous avoir bassiné avec la structure politique, mais elle était nécessaire pour comprendre la structure militaire. L'image que nous avons en tête quand on parle de guerriers celtes c'est ça :
Une grosse masse de barbare qui charge comme une bande de grosse brute pas très fine. Lisez la guerre des Gaules et vous verrez des unités constitués, souvent alternés avec des archers et des jeteurs de javelots prêts à soutenir des cavaliers, une infanterie progressant en tortue.
De plus, l'étymologie permet de retrouver dans de nombreux toponymes, comme dans Périgueux (Pétrocores = Quatre troupes) des indications sur la hiérarchie militaire.
Slougo = la troupe
drungos = le bataillon
corionos= le chef d'armée
uellaunos= le commandant
cinges= le guerrier (littéralement : le marcheur)
Vercingétorix n'était d'ailleurs pas un nom propre, Uercingetorix, veut dire Grand Roi des Guerriers ou Général en chef.
Les types de combattants (à l'époque britonnique) :
L'infanterie légère : Elle rassemble les lanceurs de javelots, les archers et les frondeurs. Une bonne partie d'entre eux ne sont pas des guerriers professionnels. Selon les époques, l'usage de l'arc comme arme de guerre est considéré comme "bien" ou "pas bien".
Armement :
- L'arc (note: dans le contexte de Skyrim, mettre l'arc long entre les mains des Brétons est une bonne idée, les Gallois en étant l'inventeur et les Brétons en étant les plus proches "parents"dans Skyrim...)
- La fronde : on estime que les Celtes utilisaient une fronde de laine ou de cuir. Ils n'auraient jamais utilisé de balles de frondes, mais de simples pierres taillées ou des galets. la portée restait tout de même proche de 70 m pour un tir mortel.
- Le javelot :
Ah,le javelot, le nom français de cette arme vient du gaulois Gabalaccos. Le plupart des javelots celtes mesurent entre 1,5 et 2 mètres. Ce fut l'arme principale de nombreuses tribus celtes à commencer par les Gésates (jeteurs de javelots, racine "gae" javelot)
Types de javelots:
verrutum : le mot est latin, il vient de "verru" broche. C'est donc l'embrocheur ! Quel nom charmant

D'après la description c'est un cousin du pilum avec une longue pointe de fer.
tragula : javelot lancé au moyen d'un propulseur sous la forme d'une courroie de cuir. Des expérimentations au second empire lui donnent une portée de 80 mètres.
Le matara : il s'agit d'une lance équilibrée pour le jet. On a une description d'un combat ou des lanceurs les jettent dans les roues de chars de guerre pour les briser. Il s'agit probablement de la même arme que j'appelle "saunie". Logiquement, cette arme est plutôt aux mains de l'infanterie lourde.

Velite romain contre lanceur de javelot celte
Le kern briton : le mot kern vient de la même racine que le mot gaulois cinges. C'est le guerrier.
Il existe des guerriers professionnels chez les celtes. Ils ont un meilleur armement que les fantassins légers. Avec les artisans, ils forment l'élite de l'infanterie bretonne traditionnelle. Ils sont armés de boucliers, de lances dites "mixtes" et d’épées. Ceux qui le peuvent ont des cottes de mailles et des casques en fer. De nos jours, les historiens soutiennent l'existence de casques et d'armures de cuir chez les combattants qui ne peuvent pas se payer de meilleures armures.
L'ironie est que les kern forment une troupe peu apte à affronter leurs adversaires habituels, les Saxons, dans un choc frontal. Les légendes et les rares traces écrites disent que c'est la cavalerie des "chevaliers d'Arthur" qui permit à plusieurs reprises de défaire les Saxons. En fait, les formations bretonnes sont lourdes. Les historiens antiques parlent de phalanges hérissées de lances. Loin de la ruée barbare, c'étaient des troupes lentes qui avançaient en formation. Les Thengs saxons plus légers et mobiles pouvaient les harceler, se replier, ré-attaquer. Et ainsi épuiser les Bretons pour n'attaquer qu'au moment où leur formation s'effondre.
La lance mixte : Diodore de Sicile parle dune arme appelée "langkias" ce n'est pas autre chose que la lance (lancia en gaulois, devenue lancea en latin). C'est "l'arme " par excellence chez les celtes. Bon nombre de peuple ont des noms comme " Ceux qui combattent par l'orme" ou "Ceux du frêne" et cela fait référence aux essences d'arbres qu'ils choisissaient pour la hampe de leurs armes !
Il est très difficile de décrire la lance celte. Elles avaient toutes sortes d'apparences et on en trouvait avec des pointes très différentes, parfois effilées comme des baïonnettes ou avec des fers en serpe ou même ondulé ! On les appelle "lances mixtes" parce qu'elles étaient toutes équilibrées pour le jet, pouvant servir au besoin de javelot.
Le légionnaire romano-briton : Lorsque les légion Valeria et Valeria Vitrix abandonnèrent la Bretagne, elles abandonnèrent deux choses derrière elles : les dépôts d'armes qui les équipaient (avec les fabriques pour renouveler le stock) et des vétérans mariés et revenus à la vie civile. Les chefs britons se servirent de ces deux ressources pour se créer leur "légion".
La copie ne vaut pas l'original, mais au moins ils savent manœuvrer ensembles, jeter les javelots, manier les grands boucliers. Note : dans l'univers de Skyrim, on peut imaginer des troupes armées à l'Impériale chez les Brétons.
Le guerrier de guède :
Le guerrier de guède combat nu, seulement vêtu de peintures de guerre. Il représente la fureur barbare à son apogée. Armé d'une lance, ou d'une épée et d'un bouclier, les guerriers peints se ruent au contact en désordre. Rapides, ils ne craignent pas les armes de jet, leur aspect terrifiant (les peintures de guerre visent à faire peur et ses cheveux sont recouverts de plâtres pour se dresser en piques ) fait perdre contenance aux meilleurs troupes. Les légendes prêtent aux guerriers de guède des aptitudes fantastiques : armure naturelle (la fameuse armure du dragon, pouvoir décrit dans Oblivion et Morrowind), et métamorphoses monstrueuses. Il faut dire que comme les berseker viking, ils se contorsionnaient avant d'aller au combat mordaient jusqu'au sang leur bouclier et entraient dans la bataille en bavant, envahis d'une fureur guerrière terrible à voir.
J'ai trouvé trace d'une unité féminine de ce type, l'auteur précisait que les peintures de guerre s'enroulaient sur les seins et que celles des cuisses et du ventre étaient formées de lignes centrées sur le sexe. Comme elles affrontaient surtout des hommes, les dessins avaient pour but disons de... déconcentrer. Le texte raconte que violées par l'ennemi, elles avaient juré de se venger. En plein milieu du combat, elles enlevaient des adversaires, les traînaient à l’écart pour les torturer.
L'épée celte : il existe en fait deux types d'épées celtes. L'épée courte utilisée par l'infanterie et l'épée longue utilisé par les kern et les cavaliers. La première est parfois qualifiée de "sabre" et pourrait n'être qu'un fauchon grossier, rapidement forgé et en grande quantité pour équiper un grand nombre de paysans. La plupart sont droites et on l'extrémité arrondie ou le bout carré. Elle atteignait 80 cm de long. Un seul côté avait un tranchant.
La seconde est cette épée qui inspira la lame des chevaliers médiévaux. Longue 1 mètre, pesant 1,5 kg, la lame est en fer avec des tranchants d'acier et se prolonge vers le haut par une soie qui traverse la garde et la poignée pour se terminer dans le pommeau. C'étaient des armes de grande qualité.
Le chevalier : Historiquement, les chevaliers bretons sont des hommes assez riches pour s'acheter un cheval. Point. Leur amement est similaire à celui du kern, si ce n'est qu'ils combattent à cheval. Certains se battaient plutôt au javelot, en harcelant les troupes ennemies. D'autres chargeaient à la lance.
Toutefois, pour les Brétons de Skyrim, la légende arthurienne nous offrent de vrais chevaliers médiévaux qui correspondent au niveau technologique de Skyrim. Le chevalier en armure de plates sur cheval lourd est de retour !
Boucliers : le bouclier celtique oval est haut de 1,10 m pour 50 à 60 cm de large. Il était en peuplier ou en tilleul. Il est plat contrairement au scutum romain. Un espace est creusé dans le bois, sous l'umbo pour permettre au guerrier d'y loger le poing. Les deux extrémités supérieures et inférieures sont gainées de métal, l'orle, qui aide à dévier les coups.
Les cavaliers légers utilisent un petit bouclier rond. Comme celui-ci :

Qui ne diffère guère de celui d'autres troupes.
Le casque celte : est similaire au casque des légionaire romain de l'époque trajane... c'est nomal, ils l'ont inventé.
La côte de maille : idem.