Merci ma minette. La prochaine fois nous parlerons des "Romano-brittons ou l'époque du roi Arthur". Avec pour idée de fournir un armement plausible pour les Brétons de Skyrin. (Je lance mon propre mod real Sword !
edit : ah il faut encore parler des viking, mais je n'ai toujours pas retrouvé ce #&@ù d'article !
Comme vous le savez peut-être, je suis écrivain, j'écris des romans historiques. Cet extrait d'un de mes livres raconte un combat entre britons du VIIème siècle et Saxons.
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Le tiern, que l’on traduise ce titre par roi, duc ou chef, est le centre de la tribu celtique. Autour de lui gravite les penteulu ou chef de clans, ces familles élargies auquel tous les celtes appartiennent. Chaque chef de clan s’entourait d’hommes de guerres, ses hommes, des cavaliers avec lequel il chassait ou faisait la fête et qu’il s’attachait par des cadeaux. Une dizaine de ces chefs de clans étaient descendus des collines. Outre leurs cavaliers, ils avaient amenés avec eux de l’infanterie.
Les Bretons, qu’ils soient paysans, chaudronniers, menuisiers, forgerons ou chasseurs, ne connaissaient pas vraiment l’armée de métier. Toutefois, chacun se faisait un devoir de s’équiper à ses propres frais et de s’entraîner chaque semaine. C’était un spectacle impressionnant, que ces grands guerriers à la peau blanche, le plus souvent décolorés en blonds, qui avançaient par clan, derrière leurs oriflammes bigarrées. De l’éminence où se tenait Dizhaid, on entendait leurs rires bravaches et les forfanteries qu’ils proféraient de leurs voix fortes, comme pour exorciser la mort. Ils portaient fièrement leurs grands boucliers qui leur descendaient jusqu’aux chevilles. Quelques-uns avaient revêtu des cottes de mailles et des casques de cuir ou de fer, mais la plupart combattaient torse nu, les cheveux au vent, exhibant fièrement les torques qui enserraient leurs cous et les bracelets métallique à leurs poignets. Quant à leurs armes, elles consistaient, essentiellement, en de longues saunies, des piques équilibrées pour le jet et dont le fer tantôt droit, tantôt courbé avait été longuement aiguisé pour déchirer les chairs. Aucun de ces braves n’arborait d’arc, l’arme des lâches, mais les plus fortunés se reconnaissaient à leurs épées glissées dans des fourreaux martelés, retenus par des chaînettes à leurs ceintures d’anneaux d’or ou d’argent.
A l’heure de la bataille, ils se trouvaient réunis là, autour des chevaliers de Dumnonia, pour constituer l’armée du roi. Ces derniers n’étaient pas d’une noblesse héréditaire. Tout homme, capable de combattre à cheval et de se procurer une monture de guerre, était accepté. Plus encore que les fantassins, les chevaliers avaient soigné leurs armes et leurs parures. L’or, le bronze doré et l’argent scintillaient sur les pommeaux de leurs épées et de leurs dagues, ils paraient ceintures et boucles de chaussures, formaient torques et bracelets. Des agrafes de métaux précieux, souvent rehaussées de pâte de verre retenaient sur leurs épaules les saies à carreaux polychromes, aux couleurs de leurs clans respectifs. L’ensemble formait une troupe chamarrée, pleine de vie et d’anticipation sauvage du combat. Il fallait vraiment connaître l’âme celtique pour comprendre que cette bonne humeur affichée n’était qu’une armure de plus : une tension farouche habitait ces hommes derrière leur apparente insouciance.
Le son d’une carnyx, cette trompe de guerre couronnée d’une tête de sanglier sculptée, sortit Dizhaid de son observation. Les guerriers bondirent sur leurs pieds pour se saisir de leurs armes ou détacher leurs chevaux. La cause de tout ce branle bas n’était pas tant le cavalier soudain surgi des collines, que le rapport pressant qui l’obligeait à talonner sa monture. Des étincelles jaillirent des sabots de son cheval au contact du pavage du pont. Sans ralentir, il traversa les rangs des lanciers et ne tira sur les rênes qu’à proximité des chevaliers réunis sur la route. Corwin ab Nessa écouta l’exposé de son éclaireur, puis se retourna pour crier ses ordres.
Dispersées par le vent, ses directives ne purent être entendues des notables qui attendaient sur la colline. Mais ils les comprirent, en assistant au mouvement des fantassins qui se scindèrent en trois groupes, tandis que la carnyx résonnait une nouvelle fois. A cet appel, un des chevaliers déploya le Maglocunnus qu’il portait en travers de sa selle. L’étendard de guerre des Bretons, claqua dans le vent. Se hissant d’un air menaçant, le dragon rouge semblait prêt à carboniser l’ennemi quand il s'approcherait de ses serres. Cet avertissement s’adressait aux silhouettes qui venaient soudain de se déployer à l’ombre des collines. Fascinée par le spectacle, la jeune sorcière n’aperçut pas immédiatement l’éclaireur qui grimpait l’élévation, tenant par la bride sa monture épuisée. Entouré par les notables, il but à une gourde qu’on lui tendait et entreprit de répondre à leurs nombreuses questions. Loin de les rassurer, ses éclaircissements ajoutèrent encore à la tension ambiante :
Les troupes saxonnes se révélaient trois fois plus nombreuses. C’était donc cinq cents fantassins et cent cavaliers qui allaient opposer aux cent quatre vingt hommes prêts à défendre Totenais. Certes, on était bien loin des grands conflits du passé, mais l’affrontement s’annonçait comme une nouvelle bataille des Thermopyles. Les Celtes avaient escompté tirer un certain avantage de ce pont -seul accès possible pour traverser la Dart- à cause de son étroitesse. Il ne mesurait qu’une dizaine de coudées et ne pouvait être traversé de front, que par six hommes seulement. Ralentis, les Saxons devaient y perdre le profit de se déployer en grandes manœuvres. Hélas leur nombre et l’importance de leur équipement pouvaient changer la donne et faire de cette bataille un véritable carnage.
Dans le silence qui précédait l’affrontement, un cheval quitta soudain les rangs de la noblesse brittone. Son cavalier, drapé dans une cape pourpre d’origine byzantine, poussa sa monture derrière les rangs des lanciers qui barraient le tablier. La dressant sur ses postérieurs, il se signala à l’ennemi.
- Halte ! Qui ose entrer, armé en guerre, sur le territoire de la ville de Totenais ? Ignorez-vous le sort réservé aux envahisseurs ? Souhaitez-vous demeurer à jamais en ces lieux, dans le froid sommeil de la mort ? Souhaitez-vous que vos femmes se trouvent d’autres maris et que vos enfants grandissent en oubliant vos noms ?
La voix du barde résonna comme celle du Stentor de l’Iliade, écrasant l’ennemi de son mépris. Peu de Saxons connaissaient le breton mais ceux qui le comprirent, répondirent par un rugissement et brandirent leurs lances. Un cavalier s’avança alors, traversant les rangs de l’infanterie ennemie. Sa monture caracola fièrement jusqu’à l’entrée du pont. Un bras rejeté en arrière, l’homme projeta en avant son lourd javelot. Le barde l’intercepta de son bouclier qui rendit un son vibrant, audible sur tout le champ de bataille.
- Tu aurais dû mieux me parler… Saxon !
Cabrant à nouveau son cheval, le barde britton lui fit décrire un demi-tour qui le ramena au milieu des troupes de réserve, qu’Il harangua vigoureusement.
- Aujourd’hui est un jour rouge ! Un jour de festin pour les corbeaux ! Un jour de l’épée brisée et du bouclier fracassé ! Le choc de nos armes retentira jusqu’au ciel ! Dieu nous verra ! Dieu nous écoutera ! Dieu nous exaucera peut-être ! Mais ne vous bercez pas d’illusions… vous ne tenez pas encore le sort de la bataille au bout de vos lances. Arme ton bras, Breton, de sa force jaillira victoire ou défaite. Rappelez-vous : Malheur aux vaincus ! Si vous périssez, votre ville tombera. Vos femmes et vos enfants seront contraints au plus vil esclavage ! Est-ce cela que vous voulez ?
Quelques voix s’élevèrent dans la foule, inaudibles de la position où se tenait Dizhaid. Le barde secoua la tête et brandit son épée.
- Je ne vous ai pas entendu ! Est-ce cela que vous voulez ?
- Non, répondit un vaste chœur de soldats.
- Je ne vous entends toujours pas. Voulez-vous que vos femmes et vos enfants soient massacrés ? Voulez-vous que vos maisons soient brûlées ? Voulez-vous que vos possessions soient volées ?
Un véritable rugissement, un flot ininterrompu de «non» fit réponse à son sermon. Les Bretons terrifiés par la proximité du combat se retrouvaient chauffés à blanc par le discours du cavalier. Même à distance, Dizhaid devina le sourire sur ses lèvres, lorsqu’il balança à nouveau son épée au-dessus de sa tête, la braquant vers les ennemis.
- Ce n’est pas moi que vous devez convaincre, mais eux ! Et vous n’y arriverez qu’en les battant. La victoire est au bout de vos lances, ne l’oubliez pas ! Ne craignez rien d’autre que votre propre lâcheté ! Et quoi donc ? Victorieux vous serrez libres ! Morts, vous serez accueillis par les anges ! Mais vaincus… vaincus vous deviendrez des esclaves !
Les premiers Saxons à gagner le champ de bataille furent des cavaliers. Eperonnant leurs montures, ils escaladèrent au petit trot un mamelon plat, situé aux abords d’un bosquet et s’y tinrent immobiles, les yeux braqués sur le pont. Ils n’avaient aucune intention de charger les guerriers qui avaient formé un mur de boucliers sur toute la largeur du tablier. Il s’agissait là, ils le savaient des meilleurs combattants brittoniques équipés d’armes de bonne qualité et portant casques et cottes de mailles.
En réserve sur la rive droite, se trouvaient plus de deux cent fantassins de moindre puissance, ainsi que la petite cavalerie des défenseurs. Le calme régna encore de longues minute, avant que ne résonne la rumeur d’une troupe en marche, parmi les collines. Depuis son poste d’observation, Dizhaid ne tarda pas à remarquer le long ruban des soldats saxons qui s’avançait sur la route. La tension augmenta encore d’un cran comme leur infanterie prenait place sur la rive gauche de la Dart. Il lui fallut près d’une heure pour s’y rassembler, après quoi, un silence surnaturel s’abattit sur les deux armées. A part le hennissement de quelques chevaux tout paraissait figé.
Un cor sonna tandis qu’une oriflamme se déployait dans le vent, au-dessus des cavaliers saxons. Son apparition fut saluée par des acclamations et le choc des armes sur les boucliers. Du fait de la distance, la sorcière ne pouvait qu’en deviner le motif. Cependant, sa couleur blanche lui suggéra qu’il ne pouvait s’agir que du Ravageur, représentant Beowulf - un de leurs héros légendaires- affrontant le dragon Grendel armé de ses deux épées Hrunting et Nagling. Elle songea à l’ironie du sort, qui mettait en présence ces deux troupes ennemies derrière les deux dragons de la légende : le rouge contre le blanc.
Prise dans ses réflexions, Dizhaid sursauta, quand s’échangèrent de part et d’autre des lignes ennemies l’appel des cors. Le fyrd – la milice paysanne saxonne- fort de trois cents combattants venait de s’ébranler et marchait sur le pont. A eux seuls, les miliciens étalaient un effectif supérieur à tout ce que les Brittons pouvaient aligner. Cependant, l’assaut initial s’annonçait beaucoup plus disputé qu’on n’aurait pu le croire au premier coup d’œil. En dépit des cris féroces qu’ils poussaient en s’avançant, les miliciens du fyrd ne formaient pas une troupe véritablement dangereuse. Ces paysans n’avaient ni armures, ni entraînement militaire. La plupart d’entre eux ne possédait pour toute arme, qu’une Morgenstern rudimentaire, un bâton à l’extrémité fendue dans laquelle on avait glissé un éclat de silex. Les Bretons les accueillirent d’une pluie de javelots avant de charger. Le choc fut bref. Le fyrd céda immédiatement, abandonnant dans son repli une centaine de morts et de blessés graves. Les défenseurs avaient à peine repris leur position que le fyrd se reformait. La seconde vague déferla sur le tablier, menaçant de submerger par sa masse le mur de boucliers. Les Bretons combattirent avec acharnement, assenant leurs coups avec la régularité d’une armée de bûcherons. Lentement, à mesure que les Saxons prenaient conscience de leurs pertes, la violence du combat décrut, C’est alors que la masse des nuages gris, qui couvraient le site, creva en une pluie de plus en plus drue. Pris au dépourvu, les Saxons se mirent à courir, donnant le signal d’une magistrale débandade.
Portés par des cris de triomphe, les Kern de Dumnonia chargèrent et rattrapèrent les dizaines de fuyards qui ne courraient pas assez vite et les taillèrent en pièces. Ils ne s’immobilisèrent qu’arrivés à l’extrémité du pont. Peut-être auraient-ils continué au-delà, mais le timbre rauque des cors de guerre se répercuta soudain entre les collines, provoquant un flottement d’indécision parmi les défenseurs. Depuis leur observatoire, Dizhaid et les notables ne voyaient pas grand-chose des mouvements de l’ennemi, brouillés par la pluie. Mais le heurt des armements, les ordres qui fusaient et le piétinement de milliers de pieds enflait, annonçant leur arrivée. Débouchant au détour d’un bois, une nouvelle troupe monta à l’assaut. Abritée derrière ses boucliers, la theng -l’élite des soldats saxons- s’approchait en un carré hérissé de haches et de javelots. La tradition des Germains voulait que les meilleurs guerriers se vouent par serment à la défense de leurs chefs. Qu’ils soient vivants ou morts, ils ne devaient les abandonner sous aucun prétexte, quitte à périr jusqu’au dernier pour défendre leurs cadavres. Cette tradition sans concession expliquait en grande partie les victoires saxonnes. Ces troupes courageuses et bien armées se portèrent donc au devant des défenseurs fatigués.
Pour renforcer leurs rangs, Corwin appela les paysans restés jusqu’alors en réserve. Les deux groupes fusionnèrent juste à temps. Le combat commença par un échange sporadique de javelots qui se multiplia rapidement. Alors que les troupes n’étaient plus distantes que de quelques pas, les haches de jets entrèrent dans la danse. Puis, tout à coup, on entendit ces cris terribles :
- Hengist ! Horsa !
A ces mots terribles et rompant leur formation, les Saxons se ruèrent en avant. Le choc fut aussitôt d’une inénarrable violence et les pertes fort lourdes de part et d’autre. Le fracas des armes et les hurlements se répercutèrent parmi les collines, à peine assourdis par la pluie. Rapidement le mur de boucliers s’effrita, se retrouvant dispersés par la fureur saxonne. La mêlée devint confuse, dégénérant en de multiples combats au corps à corps. Par instant, on entendait des hurlements d’agonie tandis que des blessés basculaient par-dessus le parapet pour s’engloutir dans un grand jaillissement d’écume. Les Bretons perdaient pied. Epuisés par l’affrontement contre la fyrd, ils faisaient face à une meute déchaînée qui accueillait avec joie la perspective de mourir l’arme à la main. C’en était trop ! Les lignes de paysans qui soutenaient les Kern furent les premières à fléchir. La panique se répandit. Devant l’ampleur du massacre, les Bretons se mirent à déguerpir aussi vite qu’ils le pouvaient. Ceux qui étaient rattrapés par l’ennemi se retrouvèrent massacrés.
Une carnyx isolée sonna. Bannière en tête, les chevaliers chargèrent. Dizhaid étouffa un cri. A quatre contre un, cela paraissait suicidaire… et pourtant, la theng se retrouva prise de flanc alors qu’elle débarquait sur la berge. L’assaut culbuta les Saxons dispersés, en tuant une dizaine. A nouveau, ils reculèrent pour abandonner le pont. Cette contre-attaque surprise provoqua un flottement dans les rangs adverses La theng se reforma tandis que quelques rescapés du fyrd se joignaient à elle. Sur l’autre rive, les paysans bretons fuyaient toujours. Seule une petite cinquantaine d’entre eux avaient repris assez de courage pour se réunir au pied de la colline où s’était installée Dizhaid. Une trentaine de lanciers, tous ceux qui avaient survécu, se reposaient non loin. La theng chargea une seconde fois et à nouveau, les chevaliers repoussèrent l’attaque, mais la cavalerie saxonne se joignit à la curée. Les paysans bretons ne bougèrent pas, hésitant entre la fuite ou l’engagement. Les lanciers, pour leur part, ne firent pas montre d’une telle confusion. La fatigue, plus que la peur, les avaient poussés à faire retraite. Quelque peu reposés, ils s’élancèrent en criant. A ce point de la bataille, deux cents Saxons et Alains s’affrontaient à une cinquantaine de Bretons sur l’étroit tablier enjambant la Dart.
Dieu ne devait cependant pas être du côté des Saxons ce jour là. Au milieu de la mêlée, Corwin se retrouva face au chef des Saxons. Les deux commandants échangèrent quelques horions avant que la lame du chef de clan ne perce la défense de son adversaire. Un grand cri s’envola comme un oiseau au-dessus des terres. Roulant au bas de son cheval, le chef saxon venait de perdre la vie. Les chefs de la theng n’eurent que le temps de sonner la retraite avant que la panique ne les y oblige.