Et se teinte de rouge.
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La cloche sonnait... Insupportable.
Ce type était insupportable.
- Il peut pas arrêter de faire le guignol, Tom ?
- Laisse tomber, il est... Intenable...
Capitaine et chevalier se concertèrent du regard.
Quelric avait eu raison.
- Ce n'est pas une blague ! Vociféra Paltir. Prenez vos armes ! L'ennemi est sur nous !
Une vague de stupeur déconcertée balaya l'assistance, se transformant bientôt en une folle agitation d'ordres, les chuintements feutrés des armes sortant de leur fourreaux, les bottes martelant le sol.
Le tavernier saisit une hache de bûcheron cachée sous son comptoir.
- Allez prévenir les autres villageois, qu'ils soient prêts à repousser l'ennemi. Lui ordonna Paltir.
L'homme s'inclina, et, traversants ses appartements, sortit de la taverne par l'arrière.
Le premier soldat, un vougier, sortit précipitamment de la taverne... Et s'effondra sur son seuil, un carreau venant le cueillir presque instantanément.
- Harnold ! S'écria son compagnon, qui le suivait de près.
Celui-ci, porté par la rage de voir son ami tué sous ses yeux, se jeta sur le premier ennemi en vue, et lui transperça la gorge de sa pique, avant que la sienne ne soit déchirée par un coup d'épée.
Une volée de carreaux incendiaires s'abattit sur les toits des chaumières, provoquant rapidement un incendie qui eut tôt fait de ravager le village tout entier.
La lumière du brasier éclaira alors le contingent :
Une cinquantaine d'hommes, équipés de piques et d'épées, protégés par des armures de cuir cloutées, arborant un lion cramoisi, et soutenus par une vingtaine d'arbalétriers. Leurs rangs ne comptaient pas d'officiers, il semblaient agir comme des hommes en maraude, mais dotés d'une organisation implacable.
Paltir pris la tête de ses dix-sept piétons encore en vie. L'archer, toujours niché dans le clocher, tirait fiévreusement, le capitaine mena la charge, épaulé par Quelric, qui le suivait de près.
L'ardeur héroïque de la vingtaine d'homme fut stoppée net par le claquement aigu des arbalètes.
La volée de carreaux eut raison de six soldats, et les survivants luttaient avec l'énergie du désespoir contre un ennemi sept fois plus nombreux.
Leur charge, rendue lamentable par leurs pertes, s'écrasa sur les rangs des Ansteriens.
La nuit résonnait des hurlements sinistres des hommes mourants, le cliquetis de l'acier, les claquements des arbalètes...
Les soldats de Paltir étaient certes braves, mais ivres.
Ils tombaient un par un, les fers de lance fouissant leurs entrailles, les lames traversant leur chair, la piqûre mortelle des carreaux les frappant de plein fouet.
Quelric peinait à alourdir la balance de leur côté, mais il était clair que la bataille était perdue.
Cependant, sa fougue n'avait aucun égale.
Tranchant, perçant, découpant la chair, sectionnant les cous et fendant les crânes.
Esquivant les piques, déviant les lames, bloquant les carreaux, il semblait intouchable...
Mais la bataille ne faisait que commencer, et pourtant, elle semblait déjà terminée.
Paltir avait été séparé de son compagnon épéiste, et il peinait à survivre, assailli de tout parts.
Voyant la situation de son camarade, Quelric tenta de lui prêter main forte.
Mais entre lui et Paltir se dressaient une vingtaine de piquiers fourbus par la violence du combat, et prêts à en découdre.
Il bloqua une pique, et la dévia de son bouclier, avant de charger son propriétaire.
Le jetant à terre d'un coup de bouclier, il para de justesse un coup d'épée et le rendit en un estoc qui eut raison de son adversaire.
Extirpant sa lame, il se décala pour esquiver une seconde pique, et brisa le nez de son adversaire d'un coup de coude caparaçonné, puis acheva le travail en le décapitant.
La mort failli le cueillir au moment où un soldat surgit dans son dos, et tenta de l'empaler sur sa lame...
Mais son élan fut stoppé net par l'archer, qui lui décocha une flèche en plein corps...
Du moins, dans l'épaule.
Le soldat hurla de douleur, alors que celui qui aurait dû être sa victime devint son assassin.
L'épée du chevalier rebondit sur le casque, mais le sonna considérablement... Cependant, aussi efficace fut sa protection, elle se révéla finalement inutile : La lame traversant l'oeil du soldat le démontra.
Un cri de guerre se fit entendre dans le village.
Le tavernier était là, et avec lui, toute la milice...
… Une trentaine de paysans armés de fourches, de pelles et de faux.
Mais ce fut suffisant pour remonter le moral des six derniers hommes debout, et qui, avec leurs défunts compagnons d'armes, avaient mis fin à la vie d'une vingtaine de soldats ennemis.
Exhortés par les survivants du premier assaut, ainsi que leur capitaine, la milice s'élança dans une contre-attaque furieuse.
- Ouvrez le champ !
L'ordre avait émané de la troupe Ansterienne.
Presque instantanément, les piquiers se replièrent derrière les arbalétriers... Qui firent feu.
Ce fut cette volée qui décida du cours de la bataille.
Les vingt carreaux fusèrent, plus mortels que jamais, et vinrent se ficher dans la chair des miliciens.
La moitié d'entre eux périrent.
Leur seul espoir de vaincre vola en éclat.
Paltir regarda, horrifié, les villageois décimés, la moitié des survivants fuyant un combat déjà perdu, et qui l'était avant même qu'il n'ai commencé.
Une deuxième volée...
Les derniers miliciens s'effondrèrent, et avec eux le tavernier et sa fille.
Les piquiers reprirent leurs positions : éliminant les dernières poches de résistance, constituées d'un capitaine vaincu, de quatre soldats essoufflés, et d'un chevalier implacable.
Submergés par la vague ennemie, les hommes ne purent rien faire contre leur sort.
A force de coups d'épée, Quelric tentait de se rapprocher de Paltir...
Éclat dans la nuit.
Une pointe s'éleva, et s'abattit dans le creux du genou du capitaine, qui hurla de douleur en tombant à genoux.
Un piquier se dévoila, derrière sa victime, impuissante.
- Paltir !
Le chevalier fonça vers son allié, écartant de l'épée ou de l'écu tout homme osant se dresser entre lui et le jeune noble.
Le sourire malfaisant du soldat s'élargit, alors qu'il levait sa pique...
Un autre hurlement, le capitaine s'effondra, agonisant, une lance transperçant son corps de part en part.
... Et disparut quand la lame acérée du chevalier le lui trancha.
Celui-ci s'agenouilla près de Paltir...
- Quelric... Balbutia le capitaine.
- Paltir... Je vais vous conduire à l'abri, je....
- Ne me mentez pas... Vous avez une quête. Un devoir. J'ai failli au mien, ne suivez pas mon exemple.
- Ne dites pas de telles choses, vous...
- Je serais un poids mort... Refusa t-il en lui sortant un lettre sa poche. Prenez ce pli, et portez-le à mon père. Il saura ce que cela signifie.
Le chevalier prit le message, et baissa la tête.
- Fuyez ! Vous n'avez pas beaucoup de temps !
En effet, la troupe était réduite à deux hommes... Sûrement pas assez pour perdre du temps en palabre.
- Votre mort ne sera pas vaine, Paltir.
Le capitaine eu un sourire... Apaisé.
- Merci, compagnon. Puisse les treize saints guider vos pas.
Le chevalier se releva...
Le détachement entier se jetait sur lui.
Il prit ses jambes à son coup, et fuit aussi vite que ses mollets le lui permettaient.
Rengainant son épée, il siffla longuement, et fortement.
Le pire ne pouvait pas être arrivé, Tonnerre...
… émergea d'entre deux bâtisses enflammées.
Apparemment, il avait été assez intelligent pour fuir le combat...
Son maître étant déjà loin devant lui, il galopa pour le rattraper.
Bientôt, chevalier et destrier furent à la même hauteur.
Quelric courut encore quelque temps, pour se préparer, et bondit sur son cheval, enfilant un pied dans l'étrier, puis se hissant sur la selle... Il ne put s'empêcher de jeter un regard en arrière... A une vingtaine de mètres, le carnage avait fait rage.
La lumière orangée, véritablement violente, du brasier ardent qu'était devenu le village éclairait la scène macabre, où, dans une boue maculée de sang, se mêlaient armes et cadavres.
Des cadavres, une bande en maraude qui n'aurait de cesse de ravager les environs, une troupe loyale, menée par un homme fier, fougueux -et mort-, massacrée, toute une population exterminée... Et une vingtaine d'arbalétriers faisant feu.
Le sifflement d'oiseaux de morts aux becs d'acier et aux corps de bois rappela à Quelric la présence du danger.
Celui-ci se courba sur sa monture, laissant plusieurs carreaux passer au-dessus ou à côté de lui.
La plupart de leurs frères vinrent se perdre dans la nuit, ou furent avalés par les bosquets bordant le village.
D'autre encore, bien plus près de leur but, rebondirent sur l'écu du chevalier, ou s'y brisèrent.
Une douleur aussi soudaine que violente le saisit.
De véritables ondes de souffrances se déversaient partout dans son corps, il retint un hurlement en le transformant en un grognement étouffé.
Il tourna le regard vers la source de cette peine... Son épaule droite. Un carreau y était planté.
Ce type était insupportable.
- Il peut pas arrêter de faire le guignol, Tom ?
- Laisse tomber, il est... Intenable...
Capitaine et chevalier se concertèrent du regard.
Quelric avait eu raison.
- Ce n'est pas une blague ! Vociféra Paltir. Prenez vos armes ! L'ennemi est sur nous !
Une vague de stupeur déconcertée balaya l'assistance, se transformant bientôt en une folle agitation d'ordres, les chuintements feutrés des armes sortant de leur fourreaux, les bottes martelant le sol.
Le tavernier saisit une hache de bûcheron cachée sous son comptoir.
- Allez prévenir les autres villageois, qu'ils soient prêts à repousser l'ennemi. Lui ordonna Paltir.
L'homme s'inclina, et, traversants ses appartements, sortit de la taverne par l'arrière.
Le premier soldat, un vougier, sortit précipitamment de la taverne... Et s'effondra sur son seuil, un carreau venant le cueillir presque instantanément.
- Harnold ! S'écria son compagnon, qui le suivait de près.
Celui-ci, porté par la rage de voir son ami tué sous ses yeux, se jeta sur le premier ennemi en vue, et lui transperça la gorge de sa pique, avant que la sienne ne soit déchirée par un coup d'épée.
Une volée de carreaux incendiaires s'abattit sur les toits des chaumières, provoquant rapidement un incendie qui eut tôt fait de ravager le village tout entier.
La lumière du brasier éclaira alors le contingent :
Une cinquantaine d'hommes, équipés de piques et d'épées, protégés par des armures de cuir cloutées, arborant un lion cramoisi, et soutenus par une vingtaine d'arbalétriers. Leurs rangs ne comptaient pas d'officiers, il semblaient agir comme des hommes en maraude, mais dotés d'une organisation implacable.
Paltir pris la tête de ses dix-sept piétons encore en vie. L'archer, toujours niché dans le clocher, tirait fiévreusement, le capitaine mena la charge, épaulé par Quelric, qui le suivait de près.
L'ardeur héroïque de la vingtaine d'homme fut stoppée net par le claquement aigu des arbalètes.
La volée de carreaux eut raison de six soldats, et les survivants luttaient avec l'énergie du désespoir contre un ennemi sept fois plus nombreux.
Leur charge, rendue lamentable par leurs pertes, s'écrasa sur les rangs des Ansteriens.
La nuit résonnait des hurlements sinistres des hommes mourants, le cliquetis de l'acier, les claquements des arbalètes...
Les soldats de Paltir étaient certes braves, mais ivres.
Ils tombaient un par un, les fers de lance fouissant leurs entrailles, les lames traversant leur chair, la piqûre mortelle des carreaux les frappant de plein fouet.
Quelric peinait à alourdir la balance de leur côté, mais il était clair que la bataille était perdue.
Cependant, sa fougue n'avait aucun égale.
Tranchant, perçant, découpant la chair, sectionnant les cous et fendant les crânes.
Esquivant les piques, déviant les lames, bloquant les carreaux, il semblait intouchable...
Mais la bataille ne faisait que commencer, et pourtant, elle semblait déjà terminée.
Paltir avait été séparé de son compagnon épéiste, et il peinait à survivre, assailli de tout parts.
Voyant la situation de son camarade, Quelric tenta de lui prêter main forte.
Mais entre lui et Paltir se dressaient une vingtaine de piquiers fourbus par la violence du combat, et prêts à en découdre.
Il bloqua une pique, et la dévia de son bouclier, avant de charger son propriétaire.
Le jetant à terre d'un coup de bouclier, il para de justesse un coup d'épée et le rendit en un estoc qui eut raison de son adversaire.
Extirpant sa lame, il se décala pour esquiver une seconde pique, et brisa le nez de son adversaire d'un coup de coude caparaçonné, puis acheva le travail en le décapitant.
La mort failli le cueillir au moment où un soldat surgit dans son dos, et tenta de l'empaler sur sa lame...
Mais son élan fut stoppé net par l'archer, qui lui décocha une flèche en plein corps...
Du moins, dans l'épaule.
Le soldat hurla de douleur, alors que celui qui aurait dû être sa victime devint son assassin.
L'épée du chevalier rebondit sur le casque, mais le sonna considérablement... Cependant, aussi efficace fut sa protection, elle se révéla finalement inutile : La lame traversant l'oeil du soldat le démontra.
Un cri de guerre se fit entendre dans le village.
Le tavernier était là, et avec lui, toute la milice...
… Une trentaine de paysans armés de fourches, de pelles et de faux.
Mais ce fut suffisant pour remonter le moral des six derniers hommes debout, et qui, avec leurs défunts compagnons d'armes, avaient mis fin à la vie d'une vingtaine de soldats ennemis.
Exhortés par les survivants du premier assaut, ainsi que leur capitaine, la milice s'élança dans une contre-attaque furieuse.
- Ouvrez le champ !
L'ordre avait émané de la troupe Ansterienne.
Presque instantanément, les piquiers se replièrent derrière les arbalétriers... Qui firent feu.
Ce fut cette volée qui décida du cours de la bataille.
Les vingt carreaux fusèrent, plus mortels que jamais, et vinrent se ficher dans la chair des miliciens.
La moitié d'entre eux périrent.
Leur seul espoir de vaincre vola en éclat.
Paltir regarda, horrifié, les villageois décimés, la moitié des survivants fuyant un combat déjà perdu, et qui l'était avant même qu'il n'ai commencé.
Une deuxième volée...
Les derniers miliciens s'effondrèrent, et avec eux le tavernier et sa fille.
Les piquiers reprirent leurs positions : éliminant les dernières poches de résistance, constituées d'un capitaine vaincu, de quatre soldats essoufflés, et d'un chevalier implacable.
Submergés par la vague ennemie, les hommes ne purent rien faire contre leur sort.
A force de coups d'épée, Quelric tentait de se rapprocher de Paltir...
Éclat dans la nuit.
Une pointe s'éleva, et s'abattit dans le creux du genou du capitaine, qui hurla de douleur en tombant à genoux.
Un piquier se dévoila, derrière sa victime, impuissante.
- Paltir !
Le chevalier fonça vers son allié, écartant de l'épée ou de l'écu tout homme osant se dresser entre lui et le jeune noble.
Le sourire malfaisant du soldat s'élargit, alors qu'il levait sa pique...
Un autre hurlement, le capitaine s'effondra, agonisant, une lance transperçant son corps de part en part.
... Et disparut quand la lame acérée du chevalier le lui trancha.
Celui-ci s'agenouilla près de Paltir...
- Quelric... Balbutia le capitaine.
- Paltir... Je vais vous conduire à l'abri, je....
- Ne me mentez pas... Vous avez une quête. Un devoir. J'ai failli au mien, ne suivez pas mon exemple.
- Ne dites pas de telles choses, vous...
- Je serais un poids mort... Refusa t-il en lui sortant un lettre sa poche. Prenez ce pli, et portez-le à mon père. Il saura ce que cela signifie.
Le chevalier prit le message, et baissa la tête.
- Fuyez ! Vous n'avez pas beaucoup de temps !
En effet, la troupe était réduite à deux hommes... Sûrement pas assez pour perdre du temps en palabre.
- Votre mort ne sera pas vaine, Paltir.
Le capitaine eu un sourire... Apaisé.
- Merci, compagnon. Puisse les treize saints guider vos pas.
Le chevalier se releva...
Le détachement entier se jetait sur lui.
Il prit ses jambes à son coup, et fuit aussi vite que ses mollets le lui permettaient.
Rengainant son épée, il siffla longuement, et fortement.
Le pire ne pouvait pas être arrivé, Tonnerre...
… émergea d'entre deux bâtisses enflammées.
Apparemment, il avait été assez intelligent pour fuir le combat...
Son maître étant déjà loin devant lui, il galopa pour le rattraper.
Bientôt, chevalier et destrier furent à la même hauteur.
Quelric courut encore quelque temps, pour se préparer, et bondit sur son cheval, enfilant un pied dans l'étrier, puis se hissant sur la selle... Il ne put s'empêcher de jeter un regard en arrière... A une vingtaine de mètres, le carnage avait fait rage.
La lumière orangée, véritablement violente, du brasier ardent qu'était devenu le village éclairait la scène macabre, où, dans une boue maculée de sang, se mêlaient armes et cadavres.
Des cadavres, une bande en maraude qui n'aurait de cesse de ravager les environs, une troupe loyale, menée par un homme fier, fougueux -et mort-, massacrée, toute une population exterminée... Et une vingtaine d'arbalétriers faisant feu.
Le sifflement d'oiseaux de morts aux becs d'acier et aux corps de bois rappela à Quelric la présence du danger.
Celui-ci se courba sur sa monture, laissant plusieurs carreaux passer au-dessus ou à côté de lui.
La plupart de leurs frères vinrent se perdre dans la nuit, ou furent avalés par les bosquets bordant le village.
D'autre encore, bien plus près de leur but, rebondirent sur l'écu du chevalier, ou s'y brisèrent.
Une douleur aussi soudaine que violente le saisit.
De véritables ondes de souffrances se déversaient partout dans son corps, il retint un hurlement en le transformant en un grognement étouffé.
Il tourna le regard vers la source de cette peine... Son épaule droite. Un carreau y était planté.